Tigre et Dragon est un pauvre film de merde, rythmé comme un cul et américanisé à outrance. Aussi, à l'annonce d'une séquelle réalisée par nul autre que Yuen Woo-Ping, je sens poindre à l'horizon le projet purement opportuniste, sous-produit et sans âme.
Vingt petites secondes après l'envoi du film, mon sang bout de rage et d'incompréhension : c'est en anglais ! Je me dis, c'est pas possible, j'ai du me tromper quelque part... Non. La synchro labiale est parfaite, ils l'ont tourné comme ça...
Je fais alors un effort sur moi-même digne des plus sages des moines bonzes, et me souviens que le retour à la mise-en-scène de Yuen, True Legend m'avait plu, et que le scénariste John Fusco avait réussi à trouver l'esprit de synthèse et le respect dû au genre avec Le Royaume Interdit. Fiouuuu fiouuuu, je respire un bon coup et je relance la lecture.
L'histoire est celle d'un Nième grand méchant guerrier, Jason Scott Lee, chef d'une bande de connards qui lui vouent un culte. Il brigue l'épée du défunt Chow Yun-Fat, cachée sans trop de soin dans un village voisin, mais plutôt que de raser l'endroit avec son armée indéfectible, il se laisse convaincre d'envoyer un gamin la dérober...
Une mystérieuse gamine veille au grain et le fait enfermer. Voyant ses capacités, Michelle Yeoh décide de l'entrainer tandis que Donnie Yen revient après des années d'absence suite à un duel contre Jason Scott Lee. Il trouve des experts en arts martiaux totalement par hasard dans une taverne et les convainc de venir l'aider à défendre l'épée.
S'en suit une bonne heure de palabres répétitives, d'entrainements drastiques, de fausses trahisons et de révélations en flash-back.
Au terme de quoi, nos valeureux héros, au nombre de 7, pètent sans difficulté la gueule à l'armée ennemie et Donnie Yen prend sa revanche sur Jason Scott Lee en l'éventrant dans les airs.
Si le film vient à briller c'est pas par son intrigue.
Pourtant, passé l'inconfort initial, je me prends à trouver des détails amusants, des répliques bien senties ( "Mieux valent cinq qui savent se battre que cinq-cent qui savent s'enfuir." ou encore "Le vin est offert par la maison - ne revenez plus jamais !" ) et les seconds rôles super attachants. Le flash-back qui lie les deux gamins est somme toute une superbe histoire qui aurait mérité d'être le point nodal du film et non une enluminure. Et certaines scènes - la rencontre dans la taverne, le lac gelé... - fonctionnent vraiment.
En fait j'ai passé deux tiers du métrage à me dire : "Mmh, ça aurait été super, dans un bon film !" mais Tigre et Dragon 2 ne se débarrasse jamais de son enveloppe poisseuse de projet opportuniste occidental, avec un Weinstein dans les rangs des producteurs et tout.
Ça reste une excellente surprise, une suite bien supérieure à l'original, mais à vaincre sans péril, on pète la gueule à des figurants sans gloire.