Premier long-métrage de F. Colomo qui a l'humilité d'en reconnaître la piètre qualité, Tigres de Papier est un film où le réalisateur, étiqueté plus tard maître de la comédie madrilène, se cherche encore et est encore loin de se trouver. Avec les références bancales à la Nouvelle Vague et aux Cahiers (on pense bien sûr au Jules et Jim de Truffaut, au maoïsme de Godard et à la verve rohmérienne - le tout formant un amalgame bariolé sans queue ni tête), le budget étriqué, l'abandon à la dernière minute du compositeur désigné pour la bande-son, l'intégration absurde de la musique, le montage désastreux et le ton imprécis, tous les ingrédients sont réunis pour un bon nanar qu'on aurait dû s'abstenir de produire, et encore moins de projeter en salle.
Certes, certains dialogues recèlent quelques pépites d'humour, mais le tout est bien trop confus, à l'image de l'indémêlable fatras d'idées qui polluait la tête du cinéaste à l'époque. Il est vrai que la tentative de recréer une époque, un moment de l'Histoire (la greffe d'un vrai meeting communiste, avec en prime un Zéca Afonso, figure de la révolution portugaise, entonnant Grandola Vila Morena, est osée mais a du mal à prendre) au milieu de l'histoire – récit sans intérêt nouant un trio improbable - est louable, bien que manquant clairement d'équilibre et de profondeur.
Bref, un premier essai - ou un brouillon plutôt - pour celui qui heureusement, parviendra plus tard à faire mouche.