Till Death
5.4
Till Death

Film de S.K. Dale (2021)

Disponible un peu partout dans le monde en VOD et/ou support physique, Till Death arrive chez nous le 19 août. L’occasion pour Megan Fox de redorer son blason ? Elle qui n’est plus réellement en odeur de sainteté à Hollywood depuis quelques années, enchainant des petites productions plus ou moins (surtout moins) réussies. Une chose est sûre, c’est que Till Death a une très bonne réputation aux States, récoltant un beau 90% sur plus de 30 critiques professionnelles sur le site de référence Rotten Tomatoes. Est-ce réellement un gage de qualité me direz-vous quand on voit combien y sont notés certains étrons ? Effectivement non. Pour Till Death, il n’est effectivement pas à la hauteur de sa réputation. Parce que j’en ai des vu des bobines horrifiques avec des incohérences, mais celui-là il les enchaine à vitesse grand V.


Initialement prévu pour un tournage au Canada afin de profiter de ses grands espaces enneigés, c’est finalement en Bulgarie, à cause de la crise COVID que Till Death sera shooté. Il s’agit du premier film du jeune réalisateur S. K. Dale qui n’avait jusque-là à son actif que trois courts métrages. Nous sommes dans un thriller horrifique, qui fait immédiatement penser à Gerald’s Game de Stephen King dans le sens où le personnage principal se retrouve attaché par des menottes au cadavre de son mari après que celui-ci, lors d’une soirée romantique dans une maison isolée pour fêter leurs 10 ans de mariage, se mette une balle dans la tête sous les yeux de sa femme. Mais tout cela fait partie d’une manigance et d’une vengeance mûrement réfléchies d’un mari trompé, blessé, lui non plus pas tout rose, mais qui a décidé d’aller au bout de ses idées. Je vous rassure, très peu de spoil dans ce que je vous raconte, même pas du tout car il s’agit de l’introduction du film qui va planter le décor pour le reste de la bobine. D’entrée de jeu, il y a cette ambiance étrange, avec des personnages qu’on sent pleins de mystère. Un mari toxique, très tendancieux. Une femme meurtrie, dominée par son mari et qui le trompe. Tout est fait pour nous faire comprendre que ça va partir en cacahuète et c’est le cas. Dans sa première partie, le film évite la facilité et ne va que rarement vers là où on pense qu’il va aller. Mais dans sa deuxième partie, c’est l’inverse, et il se montre bien plus prévisible lorsqu’il décide de changer de cap et de passer du « survival » au jeu du chat et de la souris. Si on prend le film dans son ensemble, force est de constater qu’avec son rythme qui ne faiblit que rarement, on n’a pas le temps de s’ennuyer. Le réalisateur gère plutôt bien son suspense. La mise en scène est classique mais plutôt classieuse, avec des cadrages réussis et une belle photographie. Callan Mulvey (Beyond Skyline, la série Hartlet Cœur à Vif) et Jack Roth (Rogue One, Bohemian Rhapsody), accessoirement le fils de Tim Roth, s’en sortent vraiment bien dans le rôle des méchants. Pourtant, Till Death ne fonctionne pas comme il devrait.


Premier problème, et non des moindres, le film enchaine les incohérences les unes après les autres du début à la fin au point qu’on se demande si le film ne se foutrait pas un peu de notre gueule. Déjà, le point de départ : Megan Fox est menottée à un cadavre et elle n’a accès à aucun couteau et autres outil tranchant. Tout humain normalement constitué aurait l’idée de casser une vitre, ou un vase, et de couper la main du cadavre avec un bout de verre. Au pire, lui broyer avec un objet lourd afin de la faire passer dans les menottes. Mais non, rien. Citons également le maquillage de l’actrice qui semble pouvoir résister à une explosion nucléaire tant il reste impeccable malgré tout ce qu’elle endure. Aussi, comment fait-elle pour enfiler une chemise correctement avec une main attachée ? Et puis, Megan Fox serait-elle un ninja ? Personne ne la voit ou l’entend, elle disparait soudainement, ne laisse aucune trace dans la neige… Les méchants ne sont pas en reste, cons comme la lune quand ils s’y mettent eux aussi. L’un d’eux, se retrouvant à ton tour attaché au cadavre mais ayant en sa possession un couteau, préfère trainer le corps plutôt que de prendre deux minutes pour lui couper la main avec son couteau afin d’être libre de ses mouvements. Il serait difficile de citer toutes les incohérences tant le film en regorge.


Mais ce n’est pas tout non. Le scénario fait parfois preuve d’une grande fainéantise. On aurait aimé plus d’efforts dans les séquences de cache-cache. Elles ne se résument qu’à : elle se cache, ils regardent, elle n’est plus là. Parfois même : elle se cache, mais ils ne regardent même pas. Pourtant, on sent que le jeune réalisateur a envie de toucher quelque chose du doigt. On pourrait voir dans cette façon de rendre la femme prisonnière du cadavre de son mari les conséquences et la banalité de la vie dans des relations toxiques. Ou le poids de l’enlisement que peut créer un traumatisme (le passé de l’héroïne). On pourrait y voir également un conte un peu corrosif sur le pouvoir trompeur et (auto)destructeur de certains hommes qui tentent, par l’agression (physique ou psychologique) de cacher leur fragilité. Mais quoi qu’il en soit, ça n’a jamais la chance d’être exploré ou correctement exploité et, au final, c’est un coup d’épée dans l’eau. Ou plutôt dans la glace si on veut être raccord à l’ambiance générale du film. Mais pire encore, Megan Fox (Transformers, Tortues Ninjas) n’a clairement pas les épaules pour assumer un premier rôle du genre. Elle n’arrive clairement pas à bien retranscrire toutes les émotions par lesquelles passe son personnage. Son visage semble figé (le botox ?) et ses lignes de dialogue ne font pas toujours naturelles. Sa performance physique est par contre assez impressionnante et l’expression « être un poids pour quelqu’un » prend ici tout son sens. Mais son personnage manque de profondeur et on a du mal à s’attacher à elle.


Bien qu’on ne s’y ennuie pas, Till Death est un film que les trop nombreuses tares empêchent de sortir du panier des innombrables productions horrifiques moyenasses qui inondent le marché du DTV / SVOD.


Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com

cherycok
4
Écrit par

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le 14 sept. 2021

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