A l'origine, il y a un fait réel : l'occupation en 2012 de Tombouctou par les djihadistes d'Al Quaïda qui font régner terreur et répression sur la ville pendant près d'un an. De cette réalité, le réalisateur Abderrahmane Sissako a, dans un premier temps, souhaité réaliser un documentaire. Puis, au contact de la population locale, digne, admirable, il a voulu les sublimer par la fiction. C'est ainsi qu'est née Timbuktu, une œuvre universelle contre l'obscurantisme, dont la beauté formelle et la poésie sont proches de la perfection. Chaque séquence est empreinte d'un lyrisme subjuguant (couleurs gracieuses, musique envoûtante, lumière somptueuse), chaque scène est remarquablement maîtrisée, chaque plan est divinement cadré. Si l'on peut regretter quelques ruptures scénaristiques (le réalisateur, en voulant s'attacher à de trop nombreux personnages, nous propose une œuvre quelque peu déconstruite, sans véritable fil narratif), on ne peut cependant qu'apprécier le propos du cinéaste, loin du manichéisme ambiant, qui confirme avec finesse ce qu'est la véritable religion islamique et ses croyants. Cette œuvre splendide, à la fois fragile et puissante, solaire et terrifiante, nous parle ainsi de dignité et de sagesse, de résistance et de liberté, à l'instar de cette magnifique scène de football sans ballon (ils sont interdits), pleine d'espoir, qui atteste que la pire des répressions ne pourra jamais ôter le lien et l'amour entre les hommes.