La mise en scène d'Abderrahmane Sissako manque quelque peu d'originalité mais cette façon très classique de filmer convient très bien à l'esprit de son film. Rythme lent, plans larges et longues séquences : le spectateur se laisse tranquillement emporté dans l'histoire que le réalisateur souhaite lui raconter. Car c'est un conte africain auquel nous convie le cinéaste malien. On retrouve des personnages archétypaux comme l'enfant, le musicien-berger, le pêcheur, la magicienne (magnifique Kettly Noël)... Une situation de départ stable : une ville tranquille, une famille unie. Des éléments perturbateurs : les djihadistes, l'arme de Kidane, l'altercation du fleuve. Puis une lente mais inéluctable évolution dramatique.
Au delà de la fable, c'est bien sûr de la réalité dont parle le film. Celle de l'invasion du nord Mali par des cohortes de djihadistes désœuvrés depuis la chute de Kadhafi et reprenant du service dans un pays particulièrement démuni.
Exactions diverses, justice sommaire, terreur, lapidations... les turpitudes puis les horreurs perpétrés par les terroristes ne nous sont pas épargnées. Mais la dénonciation devient encore plus efficace lorsque les habitants de la ville mettent les envahisseurs face à l'absurdité de la charia : vendeuse de poissons empêtrée dans ses gants, partie de football sans ballon, interdictions stupides. Le film met alors en opposition deux philosophies de la vie. D'un côté, la douceur d'une chanson dans la nuit, la beauté des femmes, du corps des femmes, la dignité d'un père. En face, la lâcheté des hommes en armes, l'imbécilité du fanatisme, l'ignominie.
Timbuktu, un acte de résistance nécessaire.
Interprétation, personnages : 8/10
Scénario : 8/10
Mise en scène : 7/10
8/10