L'an 2000 marque le retour de Tsui Hark à Hong Kong, après son expérience hollywoodienne décevante, pendant laquelle il a dirigé Van Damme pour Double Team et Knock Off. Il réalise alors Time and Tide, nouveau gros coup et surtout opus bizarrement acclamé par la critique à sa sortie. La vulgarité et la futilité présentes en général dans les œuvres de Tsui Hark sont ici décuplées et rarement le cinéaste aura autant donné l'impression d'être le Besson hong-kongais. Seule une certaine splendeur visuelle et des accès de bon goût l'en sépare significativement.
Le scénario est médiocre, les personnages à peine mieux, rutilants et assez grivois. C'est fluide quoique sans relief ; tout est atomisé, fringant et sans importance. Sans la mise en scène pétaradante, Time and Tide lasserait complètement ; il est en mesure de faire forte impression, même si c'est furtif de A à Z. La caméra est extrêmement mobile, les chorégraphies globalement virtuoses : Time and Tide flotte à tous degrés et avec une aisance remarquable. Il lui manque des béquilles solides, diversifiées pour constituer autre chose qu'une jolie pierre de plus à une carrière.
Produit sans incidence donc, mais increvable en même temps. Time and Tide a une grammaire formelle spécifique et la signature de Tsui Hark triomphe sans nuance : il remplit le vide avec ses formes, son film ne pèse rien par ce qu'il recèle ou raconte, mais déploie une espèce d'artisanat d'élite dont la puissance et l'originalité irradient avec suffisance. D'ailleurs la capacité à rendre lisible tout ce chaos objectif est sidérante, quand bien même il n'en sort pas plus riche. Fantoche mais souverain.
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