Un home movie pour coincer la mort avec la caméra.
Caméra à l’épaule, Ross McElwee filme depuis plus de 35 ans sa vie et celle de ses proches en prise avec l’Amérique d’aujourd’hui. Backyard inaugure cette série de films autobiographiques (Time Indefinite, Bright Leaves) qui, jusqu’à son dernier, Photographic Memory, utilisent le même procédé : tricoter les mailles d’un récit en juxtaposant aux archives personnelles compilées au fil des ans la justesse d’un commentaire subjectif, empreint d’autodérision et d’une saine acuité politique, porté par la voix du cinéaste. Les films de Ross McElwee sont comme les pièces du puzzle d’un roman familial enchâssé dans l’Histoire contemporaine, un feuilleton documentaire dont chaque épisode appelle expressément la suite.
Ross McElwee est un passionné d'images, un fou de la caméra. Depuis tout petit, il s'amuse à filmer ses parents, le personnel de maison, bref l'Amérique comme il la voit. Mais ce qui semblait n'être qu'un jeu au début finit par être une véritable obsession. McElwee ne peut plus s'empêcher de filmer. Chaque instant de la vie de la famille est désormais imprimé sur de la pédicule : du jardin à la cuisine, de la naissance à la mort. A travers les films dépeignant sa famille et l'Amérique, on se rend vite compte que la mort obsède le cinéaste. Cela n'en deviendra jamais morbide car lui-même prend du recul face à ses obsessions et partagera sa vision avec nous à travers sa caméra. On plonge alors en immersion totale dans la famille de McElwee. Sa caméra est devenue invisible au fil du temps, son entourage n'y prête même plus attention et c'est comme ça que Ross McElwee grâce à ses plans ingénieux ponctués d'interviews de ses proches nous emmène dans son monde de la fin du 20ème siècle en Caroline du Nord.
Les Chroniques Américaines sont une réflexion sur soi, une prise de recul sur la naissance, le mariage, la famille et la mort. En bref sur la vie.
Passionnant et trans-générationnel, Ross McElwee atteint une profondeur particulière qui résonne en chacun de nous.