O, my lady héroïne...
Un film visuellement limpide et passionnant qui - sous une apparente simplicité - conjugue de véritables ambitions discursives et des audaces narratives et cinématographiques certaines. Tiresia...
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le 31 août 2015
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Un film visuellement limpide et passionnant qui - sous une apparente simplicité - conjugue de véritables ambitions discursives et des audaces narratives et cinématographiques certaines. Tiresia s'affirme courageusement comme un pur objet de fascination, délibérément scandé en deux parties de registre très différents et volontairement obscur dans son propos. C'est un film proposant non seulement l'idée de faire jouer le même personnage par deux acteurs différents ( la créature hybride donnant son titre au film de Bertrand Bonello ) mais également celle de faire jouer deux personnages différents par le même acteur : le talentueux Laurent Lucas, figure neutre et asexué jouant à la fois un observateur platonicien et un prêtre placide...
Voilà un beau film qui donne à voir, nullement alambiqué et pourtant très complexe en paradoxe. Tiresia parle de création et de re-création, d'origine et d'imitation, d'original et de copie... Après un premier quart d'heure somptueux inauguré par des images de magma en fusion accompagnées de la 7eme Symphonie de Beethoven et suivies de la voix-off langoureuse de Laurent Lucas s'adonnant à une errance nocturne pour le moins étrange Bonello nous plonge dans le vif de son sujet : l'attraction-répulsion pour le corps, sa vulnérabilité et sa mise à l'épreuve du regard. Laurent Lucas, loin du stéréotype du pervers sexuel ou du voyeur tortionnaire, joue un personnage se contentant d'observer Tiresia, jeune transsexuel enfermé dans son local. Excellente première partie qui évoque notamment le magnifique Théorème de Pasolini tout en imposant sa personnalité cinématographique.
Par la suite une courte séquence viendra former la césure du film de Bonello, scène dans laquelle Laurent Lucas va transformer Tiresia en héros de mythologie grecque en lui crevant les yeux dans son sommeil : artéfact percutant résultant d'une longue séance d'observation clinique, scène marquante par sa violence soudaine tranchant avec l'atmosphère posée de l'ensemble. Enfin la seconde partie rejoint davantage la dimension sacrée de Tiresia, le montrant comme un oracle récemment conscient de sa divinité... Cette partie nous semble un brin plus ennuyeuse et moins inspirée, même si toutefois très agréable et belle à regarder.
Un film troublant ne tombant jamais dans le piège de l'oeuvre démonstrative à découvrir absolument pour mieux connaître le cinéma de Bonello. Mature et intelligent.
Créée
le 31 août 2015
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