Titina revient sur la vie d'Umberto Nobile, ou plutôt la découverte du Pôle Nord, via le dirigeable qu'il a construit, puis piloté suite à une idée de l'explorateur Roald Amundsen qui l'accompagna.
Enfin, Kajsa Næss va surtout mettre en scène la relation entre ces deux hommes, le partage d'une conquête puis la rivalité, et les différences qui vont en ressortir. Au milieu, il y a Titina, la chienne d'Umberto, et c'est à travers son regard que l'on va découvrir tout cela. Il prend son temps, on découvre la chienne puis les deux hommes, chacun leur tour, et les rencontres qui vont avoir lieu.
Au final, c'est d'abord un film d'exploration, celle du Pôle Nord évidemment, mais aussi humaine, à travers des valeurs et des limites. Des valeurs humaines, dans les deux sens, les bonnes comme les mauvaises. A ce titre, Titina parvient à créer simplement des personnages qui ne sont pas tout noir ou tout blanc, bien au contraire même. Les deux protagonistes sont remplis d'orgueil, au point de sacrifier des vies et des missions. A ce titre, le personnage d'Umberto est le plus intéressant, tant il est d'abord présenté comme un saint, opposé au fascisme, gentil et travailleur, qui ne supportera pas que Roald tire toute la gloire sur lui, au point de monter une exploration à la va vite avec l'appui de Mussolini, qui entraînera de trop gros risques pour tant de monde.
Cette réussite tient sur les deux personnages, mais aussi la chienne, qui apporte un peu plus de poésie, et le film surprend lorsqu'il prend des routes plus métaphoriques à travers quelques scènes (celle de la chienne face au pingouin est géniale). Parfois contemplatif, il y a une maîtrise du rythme et du récit, celui-ci est simple, et ne multiplie pas les sous-intrigues, et il est bien mené. Les dessins sont plutôt réussis, ils ont du charme ainsi qu'un peu de mélancolie, et participent à un fond (les paysages, la neige, le ciel, les baleines, Rome...) sublimé.
On regrettera plutôt la charge juste mais sans aucune nuance contre le fascisme et plus précisément Mussolini. Ce point-là sonne faux comparé au reste tant il est balancé sans subtilité, bien qu'un ou deux moments parviennent à faire sourire (ainsi que le portrait de Marx glissé dans le bureau du protagoniste). Au final, le film parvient, simplement, à transmettre des messages sur la valeur de soi, l'amitié mais aussi la haine, la vengeance ainsi que l'égoïsme.
Titina parvient à raconter, avec simplicité et mélancolie une fascinante et rocambolesque exploration, avec des personnages complexes, une évolution bien ficelée ainsi qu'un certain lyrisme et charme, le tout à travers le regard d'une chienne qui en étonnera plus d'un !