J'ai été agréablement surpris par ce film. Le scénario tient la route, la mise en scène est osée et ambitieuse, les cadrages et les séquences d'action bien foutus, les personnages sont drôles... Même si l'histoire ne révolutionne pas l'eau chaude, elle est plutôt intéressante : des vilains doivent renvoyer 13 monstres venus d'une autre dimension pour lever une malédiction qui les a changé en pierre. Mais ce fléau les protège également de la mortalité, et ils vont être en désaccord car finalement, les maudits voudront continuer de jouir de la vie éternelle. Nos tortues préférées quant à elles sont en pleine crise après la mort de Shredder, leur famille est éclatée, et ils ne sont plus les héros de jadis. C'est dans ce contexte qu'ils seront mêlés aux magouilles des gargouilles (rime riche, je suis content), grâce à la mignonne April qui est encore allé fourrer son nez dans les dossiers sensibles. Adolescent, j'aurais adoré ce film. La caractérisation des personnages est au demeurant sympathique, même si parfois ils sont victimes de quelques clichés à l'américaine dont on se passerait bien. Ils n'en restent pas moins attachants, touchants parfois : la rivalité entre Raphaël et Leonardo en est le meilleur exemple. Et puis on est content de voir le Clan Foot pointer le bout de son nez, avec sa nouvelle leader emo-gothique.
Le véritable point noir dans ce film d'animation sont les visuels : la 3D a extrêmement mal vieilli, elle devait déjà un peu piquer les yeux à l'époque. La photographie est beaucoup trop inégale, les couleurs manquent de saturation et sont aspirées par un filtre jaunâtre pas toujours très heureux. L'animation en elle-même s'en sort plutôt bien, même si on est loin de la virtuosité d'un Disney. Malgré tout, la manière d'articuler les plans passe comme une lettre à la poste, et le montage fluide nous fait oublier que c'est moche.
TMNT est donc un objet bancal visuellement, mais assez honnête et divertissant pour plaire, usant mais n'abusant pas de son fan-service pour nous raconter une histoire ésotérique teintée de SF et de fantasy urbaine. Au final, son scénario accroche même s'il comporte des codes déjà vus, et les personnages restent fidèles à eux-même. La bande originale très "teenager" colle bien avec l'univers, une compilation détonante et rythmée de hip-hop et de rock qui nous scotche comme dans un bon jeu vidéo.