Une violence sème ce To Be No. 1, celle des gangs de rue mais pas assez pour être classer en Category 3, ni d’ailleurs son propos qui tourne autour des triades. Et pourtant, on y plonge en apnée dans ce monde de la rue, où les règlements de compte se font armé d’une machette. Les combats, les assassinats, les rivalités entre factions sont autant d’actions représentées à l’écran. De ce fait, le film n’a rien de bien original dans ce qu’il a à nous montrer ou à nous raconter. Il lui manque peut-être la scène choc qui aurait pu le rendre marquant. La découpe furtive d’un avant-bras lors d’une confrontation sera la seule image un peu glauque du film. On la doit à Frankie Ng Chi-Hung qui joue ici un petit rôle à son image. Toutefois, To Be No. 1 n’en est pas moins violent et ensanglanté. Et la scène de la plage où l’un des protagonistes perd la vie est là pour en témoigner. Ce havre de paix où les gens se retrouvent pour décompresser, s’amuser, passer du temps en famille est subitement le terrain de chasse des triades qui font couler le sang. Cette intrusion d’une violence, censée être exclusivement urbaine prend le pas sur le reste, et fait alors prendre conscience à nos protagonistes qu’ils ne peuvent échapper à leur condition. Il se dessine petit à petit un visage obscur et pessimiste qui jusque-là était en demi-teinte, notamment face à l’audace et l’avidité amorale de Fei Chuen pour s’imposer. Ce volte-face qui s’opère dans la seconde partie du film, et sa troisième et dernière apporte un constat de moralité face aux activités de ces jeunes gens qui se déchainent à l’écran. Durant un long moment, To Be No. 1 n’était jamais bien loin d’une glorification du crime qui parle aux jeunes générations. Le constat final est sans appel. Entre mourir et finir en prison, voilà le destin des voyous qui ont rêvé du faste apportées par les activités illégales. Le film s’inscrit alors comme le pendant fataliste d’un Young and Dangerous.


To Be No. 1 nous narre une fiction légère au départ, l’insouciance d’une poignée de jeune qui en entrant dans la vie d’adulte/au sein de la triade voit le tableau se noircir. Raymond Lee met en scène les destins funestes d’un rêve de grandeur devenu cauchemar. Et pour peu que vous appréciiez le genre, vous apprécierez ce spectacle aux personnages et aux situations désillusionnés.

IllitchD
5
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le 1 avr. 2013

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