Pour qui s’intéresse au cinéma espagnol, Netflix est une mine d’or. Comme pour tous les cinémas de tous les pays, il y a à boire et à manger, mais ça permet de pouvoir découvrir autre chose, d’autant plus que le cinéma espagnol est en forme depuis pas mal d’années maintenant. Et il y a un genre dans lequel ils sont prolifiques, c’est la comédie. On y trouve du très bon, comme par exemple Anacleto Agente Secreto, Mi Gran Noche ou Origines Secretes, mais aussi du sincèrement très moyennasse, voire mauvais comme La Petite Suisse ou Heroes Wanted. Mais aussi tout un tas de petits films inconnus, qui ne resteront pas forcément en mémoire longtemps, mais qui sur le coup permettent de passer un sympathique moment. Toc Toc (2017) fait partie de ceux-là.
Toc Toc est adapté de la pièce de théâtre du même nom de notre Laurent Baffie national qui a remporté un franc succès en Espagne. Elle s’est donc vue adapter au cinéma et il va être question de six personnages, tous sujets à des troubles obsessionnels compulsifs, des tocs donc, qui ont tous une séance chez le plus grand spécialiste mondial. Premier problème, les six patients semblent avoir tous rendez-vous en même temps. Deuxième problème, ledit spécialiste n’est pas encore arrivé à son cabinet car son avion a pris beaucoup de retard. Ils vont donc par la force des choses cohabiter l’espace de quelques heures. Mais, troisième problème, certains ont du mal à comprendre et supporter les petites manies des uns et des autres. Il est facile à comprendre que, avec Toc Toc, nous allons être dans un huis clos. Réalisé de manière très théâtrale. Vicente Villanueva (Nacida para Ganar, Lo Contrario al Amor) va essayer de coller au maximum au matériau d’origine mais va faire preuve d’un réel sens de la mise en scène afin de rendre l’ensemble plus cinématographique. Montage, dynamique, gros plans, effets de styles, utilisation astucieuse de l’espace afin de ne pas donner cette impression de redondance, tout va être fait dans ce quasi unique lieu afin de ne pas nous donner l’impression de regarder une pièce de théâtre (tout en en gardant l’essence). Néanmoins, le film est assez long à démarrer. Les personnages arrivent dans cette salle au compte-goutte et clairement, certains passages de la première partie étaient dispensables ou alors auraient dû être différents afin d’amener un peu de punch. L’histoire peine à se renouveler et chaque nouvelle tentative d’amener un peu de carburant à la machine semble un peu artificiel. D’autant plus que le scénario est cousu de fil blanc et que le twist final, certes inattendu, n’a aucun réel impact et laisse clairement indifférent.
Les tocs et les manies des personnages sont ici clairement au centre du récit, parfois plus que les personnages eux-mêmes au point qu’on va plus les définir par « celui qui ne marche pas sur des lignes » ou « celui qui compte tout » plutôt que par leur nom/prénom. C’est un peu dommage car certains sont plutôt intéressants, voire très attachants, et auraient mérités d’être un peu plus approfondis. Toc Toc évite de se moquer des tocs des personnages. Quiconque a des tocs, ou connait quelqu’un qui a des tocs, sait comment cela peut être très envahissant et peut pourrir leur existence. Lorsqu’on rit ici, c’est grâce à de vrais gags, qu’ils soient visuels ou dans les dialogues, et non réellement des personnages. Les dialogues sont d’ailleurs très bien écrits, souvent très drôles. L’humour du film n’hésite pas à aller parfois dans le burlesque. Le casting y est d’ailleurs pour beaucoup. Rossy de Palma (Femmes au bord de la crise de nerfs) est une fois de plus complètement barrée, Oscar Martinez (Les nouveaux sauvages) complètement habité par son syndrome, ou encore Alexandra Jimenez (Superlopez) excellente en phobique des virus. Dommage que certains tocs, « funs » au début, finissent pas être très répétitif, à l’instar de celui du personnage qui justement répète tout au moins deux fois et qui devient rapidement saoulant (c’est peut-être l’effet escompté remarque…). Mais autre problème, comme le réalisateur ne veut jamais se moquer de ces tocs, le film manque de folie et reste très sage. Ça ne prend jamais de risque et ça manque clairement de mordant.
Toc Toc est un film qui souffle le chaud et le froid. Chaque point positif est contrebalancé par un point négatif et au final, même si on passe un moment agréable, l’ensemble se révèle assez moyen. En termes de comédies espagnoles, il y a clairement mieux.
Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com