Pour qui a vu Perfect Blue et Paprika, Tokyo Godfathers est assez surprenant par son absence d’audace : réaliste, sans recours aux délires psychiques ou psychotropes, il délivre un conte de Noël chez les sans-abris affublés d’un bébé qui vont chercher, une nuit durant, à lui faire retrouver ses parents.
La ville est bien jolie, atemporelle, qu’on croirait vintage avant de voir des usagers du métro pianoter leurs téléphone, et l’équipée des rois mages plutôt touchante, du travelo fatigué au vieux bourru en passant par l’ado fugueuse. Les indices progressifs délivrés sur leur passé et ce qui les a mené à la rue sont habilement amenés par un récit fragmenté qui parvient progressivement à leur donner chair.
Il n’empêche que l’ensemble est un peu laborieux, par un comique relativement inefficace, une intrigue générale vaguement foireuse (avec des détours saugrenus pas la mafia locale, un rapt, une tentative de suicide, un bébé qui se met à parler…) et des réactions souvent outrées qui deviennent rapidement pénibles.
Reste l’animation, fluide et modeste, qui parvient à saisir la pulsation d’une ville sous la neige et s’aide avec malice des haïkus pour le faire.