Des choses gentilles à dire sur ce film :


Défouloir gore autant que gourmandise acide, Tokyo Gore Police n’est peut-être pas le plus iconique de films estampillés Sushi Typhoon (encore que la femme aux jambes mâchoire d’alligator soit restée dans les mémoires), mais il se classe en tout cas facile dans le haut du panier.

Tout d’abord parce que Tokyo Gore Police, signé Yoshihiro Nishimura, est, marque de fabrique grosso modo du label, un délire potache, outrancier et craspec... mais à la différence d’autres titres du catalogue, cet aspect est fait avec soin, les effets visuels tiennent la route, les costumes et les maquillages même fauchés sont travaillés et inventifs, quant aux gerbes de sang numérique qui émaillent les films de l’autre figure de proue de Sushi Typhoon, Noburo Iguchi, elles sont ici quasi absentes. En même temps, surnommé le Tom Savini japonais, Nishimura est maquilleur avant d’être réalisateur.

Ce qui ne l’empêche pas, au demeurant, de soigner aussi sa réalisation, de jouer avec la lumières et les couleurs et de proposer des plans presque picturaux. Bien qu’un peu maladroite parfois, sa réalisation regorge en effet de beaux morceaux et d’images marquantes, du big-boss accompagné de sa femme-moignons à la standardiste bonbon kawaï en passant par une confession semi kamishibai ou encore une boîte louche alignant des mutants aguicheurs (fille escargot, chaise vivante, femme aux jambes mâchoire d’alligator (la fameuse))... la femme à trois seins de Total Recall peut aller se rhabiller.

Au-delà des idées folles et de l’enthousiasme généré par des duels à la tronçonneuse, des geysers de sang, des fulguropoings, des bites fusils à pompe, on trouve aussi une bonne charge sociale : privatisation de la police à la Robocop avec, dans son sillage, corruption et exactions ; institutionnalisation du rejet de la différence ; marchandisation à outrance... sans compter l’omniprésence des messages de la com’. Le récit est en effet jalonné de spots de pub/propagande dans l’esprit de Starship troopers qui vont de la valorisation des forces de l’ordre à la vente de cutter fashion pour se taillader les poignets avec élégance, ou de jeux vidéo wii du type décapitons des prisonniers dans la joie et la bonne humeur.

Un régal.



Jouez au bingo des clichés avec ce film (27 ingrédients)

https://www.incredulosvultus.top/tokyo-gore-police

Personnage > Agissement

Bagarre | Coup dans les couilles (ouch !) - Se regarde dans un miroir | Maquillage, nœud de cravate, etc.

Personnage > Caractéristique

Hanté·e par des souvenirs traumatisants - Blues | Sa femme, sa fille sa mère ou sa sœur est morte

Réalisation

Écran partagé - Fin | Ouverte - Fin | Véhicule / personnages qui s’éloignent - Gros plan | Lèvres d’une femme qui vient de se passer du rouge - Gros plan | sur un œil qui s’ouvre - Objectif de la caméra éclaboussé par une gerbe de sang - Ouverture ou fin | Voix off d’introduction ou de conclusion - Reconstitution de souvenirs accompagnée d’une voix-off - Technique | Prises de vues multiples pour une même scène

Réalisation > Accessoire et compagnie

Pouet-pouet | Mannequin en chute libre - Tension | Lumière stroboscopique

Réalisation > Audio

Bruit exagéré | Bruit métallique injustifié - Bruit exagéré | Les épées/cannes/flèches/lances font woosh/cling - Woosh | mouvement / acrobaties

Scénario > Contexte spatio-temporel

Boîte de nuit - Fête ou anniversaire surprise

Scénario > Élément

Autopsie - Un·e proche meurt sous ses yeux

Scénario > Ficelle scénaristique

Entre le héros/héroïne et le méchant/méchante, c’est une affaire personnelle - Retour d’un personnage qu’on croyait mort

Thème > GI Joe

Agissement | Salut militaire

Thème > N’importe quoi

Scientifiquement non prouvé | Physique des matériaux soumise à rude épreuve

Thème > Testostérone

Fallait pas la/le faire chier

---

Barème de notation :

  • 1. À gerber
  • 2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
  • 3. On s'est fait grave chier
  • 4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
  • 5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
  • 6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
  • 7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
  • 8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
  • 9. Gros gros plaisir de ciné
  • 10. Je ne m'en lasserais jamais

Créée

le 6 mars 2023

Critique lue 22 fois

Critique lue 22 fois

D'autres avis sur Tokyo Gore Police

Tokyo Gore Police
Lazein
7

Reign In Blood

Dans un Japon fleurant bon le chaos, Ruka est une jeune fille quelque peu boudeuse et ce, depuis la mort violente de son père. Sous ses yeux, son paternel a été abattu d'une balle éclatant son...

le 19 sept. 2013

13 j'aime

Tokyo Gore Police
SlashersHouse
6

Tokyo saigne.

Juste après The Machine Girl, voici que c'est au tour de Tokyo Gore Police, autre production Nikkatsu, de faire aussi son apparition — très attendue — en DVD. Connaissant la prod, on savait à quoi...

le 22 janv. 2011

7 j'aime

Tokyo Gore Police
Bakamaru
9

Critique de Tokyo Gore Police par Bakamaru

Un soir comme un autre. Je m'ennuie sévère. J'ai un film qui m'a l'air bien daubesque à ma disposition. Bon et bien allons-y, lançons-le voir ce que ça donne... Et autant ne pas y aller par quatre...

le 15 déc. 2010

6 j'aime

8

Du même critique

Beetlejuice Beetlejuice
IncredulosVultus
5

Déterrer pour mieux réenterrer

Dans la série des j’en attendais rien mais je suis quand-même déçu de rentrée, s’il n’y avait pas eu la nomination de Michel Barnier au poste de premier ministre, Beetlejuice, Beetlejuice aurait...

le 6 sept. 2024

12 j'aime

2

Supermarket Woman
IncredulosVultus
8

Les têtes de gondole, c’est sa grande passion !

Des choses gentilles à dire sur ce filmUn peu comme ont pu le faire le tandem Kervern/Delepine dans Le grand soir, Juzo Itami réussit à rendre fascinant et beau un univers qui ne l’est pas forcément...

le 12 sept. 2022

3 j'aime

Joe's Apartment
IncredulosVultus
8

Broadway échelle 1/1000

Des choses gentilles à dire sur ce film : Rendez-moi mes poux sur le fond, La petite boutique des horreurs version Oz sur la forme, Joe’s apartment est un condensé de bonheur et d’impertinence...

le 31 oct. 2023

2 j'aime