Ai est une jeune fille perturbée sujette à des hallucinations auditives. Elle suit difficilement des cours de dessins dans une école d’art, entre le harcèlement de ses camarades et le mépris de son professeur. Seule la doctoresse prend soin d’elle. Mais, dans ce monde étrange, ses hallucinations ne seraient-elles pas un guide pour déchiffrer la réalité ?


Mamoru Oshii est un poète fasciné par la guerre et la destruction psychique qu’elle engendre. La plupart de ses œuvres, depuis le manga Kerberos jusqu’à The Sky crawlers en passant par le sublime Ghost in the shell décrivent la même situation : des combattants à la santé mentale abîmée par la violence qui cèdent peu à peu du terrain aux pulsions meurtrières de leur instinct. C’est intéressant philosophiquement, mais parfois un peu trop contemplatif. Ici, le contemplatif est si excessif qu’il en est carrément chiant.


Techniquement, le scénario tient en 2 lignes :

une soldate blessée rêve d’une vie alternative pendant son coma, mais est rappelée à sa vie par son sens du devoir.

La chute est intéressante, mais se fader 1 heure de délire d’étudiante persécutée par ses camarades et son prof, c’est juste soûlant ; d’autant plus que, pendant ce temps, le spectateur n’a aucune info à se mettre sous la dent. En effet, les indices tardent à venir, puis pleuvent soudainement pour déboucher directement sur la chute sans laisser le temps de la réflexion. Ce que je vois dans ce film, et que l’on retrouve dans (au moins) Ghost in the shell et The Sky crawlers, c’est une jeune femme tourmentée entre son sens du devoir et son désir de vivre. Elles essaient toutes de vivre leur vie en l’expérimentant à la manière d’un scientifique, mais rencontrent invariablement incompréhension et rejet de la part des autres. C’est d’autant plus flagrant que les 2 Kusanagi et Ai se ressemblent physiquement. On retrouve d’ailleurs la même problématique dans Jin-Roh chez Kei, la version masculine de Kusanagi.


Bon, OK, la trame philosophique est intéressante, mais, cinématographiquement, le film est naze. Pas d’action, un scénario qui n’avance qu’au bout d’une heure et qui est torché en 15 min, des personnages transparents (même l’héroïne est creuse entre 2 crises de délire) et une caméra qui filme interminablement les mêmes plans américains avec beaucoup trop de ralentis. Bref, ce film aurait gagné à rester un court-métrage, mais l’étirer sur 1 h 30 était une erreur.


Si j’apprécie beaucoup le travail de Mamoru Oshii, Nowhere girl n’est pas bon, et même les fans s’ennuieront. À voir en accéléré ou lire le résumé sur Wikipédia, c’est suffisant.

OeilDePatrick
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le 12 mai 2024

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