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Avec la mise en place de "TV Lab" il y a un an, France 4 a affirmé haut et fort qu'elle souhaitait devenir une sorte de chaîne expérimentale pour la télé de demain. Projet ambitieux mais terriblement casse-gueule, bien que le public n'avait, récemment, pas encore eu droit à une émission innovante, osée et moderne. C'est ainsi qu'apparut, le 31 mars 2014, "Tokyo Reverse", dont le principe pouvait en laisser plus d'un sans voix : un documentaire de 9h où un type marche à l'envers dans Tokyo. Il faut croire que cette idée n'était pas la meilleure, puisque les audiences de France 4 furent catastrophiques : 29 000 spectateurs. Pour vous faire une idée, le téléfilm de TF1 diffusé quelques heures avant avait réuni 8 055 000 français devant leur écran. Ouch.

Cet échec cuisant peut être en parti expliqué par l'horaire : un film de 9h pendant toute la nuit du lundi au mardi, c'est pas top. Il est également intéressant d'aller voir le hashtag #tokyoreverse sur Twitter : durant toutes la nuit se sont succédé des réactions opposées : les uns clamaient que l'émission était hypnotique et qu'ils ne pouvaient plus quitter leur TV du regard, d'autre que c'était une honte de diffuser ce genre de truc alors que les gens payent pour ça. Dommage, donc, puisqu'il s'agit d'un projet très ambitieux qui sort des sentiers battus (enfin).

Il ne fait aucun doute que le film est une véritable prouesse de mise en scène : marcher aussi longtemps à l'envers sans le moindre accident et avec une telle fluidité, ça impose le respect. Le principe du slow TV, en plus d'être original, crée une sensation d'irréalité qui sublime Tokyo et ses habitants. La musique, jouée en live, se fond parfaitement avec cette ambiance onirique et son dynamisme rajoute du punch aux images, leur donnant un côté vivant. À noter que pour les coupures (parce que faut pas déconner le mec va pas marcher 9h non stop), la caméra zoom puis dézoom sur l'acteur en permanence, ce qui évite toute coupure de rythme. Cela permet de ne jamais réellement faire de pause dans le parcours, le documentaire conserve ainsi toute sa fluidité. Tokyo est un paysage changeant : tantôt les rues géantes, tantôt les passages étroits remplis d'habitants et de commerces. Les otakus plaisantant avec l'acteur laissent souvent place à des masses de gens qui ne semblent pas comprendre ce qui se passe, ce qui est assez marrant. Cette présentation sans le moindre artifice montre parfaitement les deux facettes de la ville la plus peuplée du monde.

En résumé, Tokyo Reverse est un documentaire mal-aimé mais pourtant extrêmement original et regorgeant de bonnes idées. Son échec cuisant en terme d'audiences, en parti expliqué par l'horaire de diffusion, est avant tout provoqué par le fait que ce film n'est un divertissement que pour peu de gens et que ce n'est pas du tout le genre d'émission qu'apprécie la majorité. Je suis ravi de voir sa moyenne sur Senscritique (7.8 actuellement) qui prouve qu'on surpasse le spectateur lambda et que notre communauté rulz la famille.