L'ami du petit-déjeuner, l'ami refoulé
Un film primé par le gotha orthodoxe du 7e art, comprendre une énième plainte lancinante métaphorique d’une quéquette troublée qui n’arrive pas à s’attraper pour se faire jouir. Tout est là : des plages de silence, des points de suspension, de la nature, des regards de faïence, une tension homo refoulée suggérée, des plans fixes, de la nature, des très très gros plans fixe en rafale, de la musique très forte et dramatique quand il n’y en a pas besoin, et des hommes-crabes qui tâtonnent au travers des mailles de la méchante morale publique.
Pourtant l’ami Dolan n’est pas manchot (…). Il maitrise déjà moult techniques et arrive à créer une atmosphère épaisse et coupante à l’instar de son champ de maïs d’octobre. D’une histoire sans intérêt il pond une fiction suintante et Hitchcockienne sur un fond délabré. Cool.
J’imagine l’ami que c’est ta vision du cinoche. Éclabousser le spectateur de ton foutre maladif. Mais pour lui faire ta (basse)cour, avant de lui gicler dans le sas, il s’agit d’être persuasif mais délicat. Pas comme ton parangon de redneck mi-Karabatic mi-Ben Affleck. Tu te galères à générer de la matière adhésive pour tout niquer dans les grandes largeurs de ton scénario. What’s the Fuck les gars ?
Le mec renifle le psychopathe à 200 bornes ! Mais personne ne se saisit d’un peu de bon sens pour détaler. Au début je m’étais dit « non attends c’est une allégorie à la pulsion de mort homosexuelle qui fait que certains baisent sans capotes IRL ; tu ne peux pas comprendre ».
Mais l’autre greluse fait encore pire. En 2H KaraBen passe du taré congénital à manier avec un couteau de cuisine à un type super fun qu’on a envie de sucer sur un parking de Motor-Inn. « Ah je suis pompette ». Tu es surtout victime d’un attentat scénaristique. Je passe aussi sur la révélation du bar :
« Oui le type que tu as laissé avec ta copine bourrée et vulnérable est un vrai psychopathe qui aime tailler les pi.. les visages au cutter.
-Ah OK merci pour l’info. Je vais te reprendre une pinte »
--> No Comment.
Cette scène finale savate littéralement le peu de cohésion qu’il restait dans ce film pour que le spectateur accepte le cumshot final en ressassant dans ses babines « miam miam c’était pas dégueulasse ce truc : c’est VRAiIIEU, c’est BIENEUH ».
Au final, 4/10 quand même parce que c’est un voyage qui dépayse. Parce que le québécois est vraiment dégueulasse à entendre. Parce que une hybridation entre Brokeback Moutain et Bullhead c’était exotique. Parce que j’avais vu Elysium juste avant. Parce que je suis hétéro et que j’ai manqué une forêt de symboles. Parce que celle qui m’a accompagné voir ce film est très compétente.