Tom Jones est un bébé retrouvé par un noble, qui va en faire son fils, et vingt ans plus tard, il sera un jeune homme épris de libertés, de plaisirs. Il va rencontrer le grand amour, et va vouloir en même temps rechercher ses parents biologiques.
Immense succès à sa sortie, au point d'avoir décroché 4 Oscars, dont ceux du meilleur film, Tom Jones est paradoxalement complètement oublié aujourd'hui.
Je pense qu'il n'a pas vraiment su vieillir comme il faut, car je vois ce qu'il a apporté au cinéma, en particulier anglais, pour sa révolution formelle, mais je suis désolé, c'est comme ce que faisait par exemple Jean-Luc Godard, ici appliqué à un film populaire se passant dans le XVIIIe siècle.
Je pense par exemple au fait de briser le quatrième mur, où les personnages parlent face à la caméra, à la voix off qui semble parfois se tromper, à l'objectif de la caméra qui est bouché lorsqu'il y a une scène amoureuse parce qu'on pose son chapeau, des scènes figées, voire même plusieurs hommages aux films muets, notamment la première scène, avec des intertitre et l'image qui s'accélère par moments comme lors de courses poursuites.
Je pense que pour l'époque, ça devait être étonnant d'avoir ainsi plusieurs styles, permettant de libérer des carcans du film à costumes, mais là, je trouve ça vieux en fin de compte. Et pour ce qui est censé être une comédie, j'avoue avoir peu rigolé.
Mais deux choses sauvent à mon avis le visionnage. D'une part la mise en scène de Tony Richardson que je trouve par moments impressionnante de fluidité, notamment dans les travellings ou ce moment formidable qui est la chasse à la courre filmée en plongée. Et de l'autre, c'est la révélation d'un acteur britannique de grand talent, à savoir Albert Finney qui, même s'il avait déjà joué auparavant, va devenir de facto une grande star avec ce succès. Il rejoint ainsi toute cette période où plusieurs d'entre eux, on pense à Sean Connery, Michael Caine, Richard Burton et d'autres, qui vont exploser en un seul rôle. Je le trouve très charismatique dans son rôle de jouisseur, à qui il va lui arriver plein de tuiles, dont surtout celle où il n'arrive pas à concrétiser son amour avec Susannah York.
Au final, même si Finney et Richardson ne vont pas être entièrement satisfaits du film, il ressortira d'ailleurs en 1989 dans une version remontée, Tom Jones va représenter en quelque sorte le Swingin' London avant l'heure, soit une révolution formelle, une manière de ruer dans les brancards qui sied parfaitement à son temps, d'où le triomphe mondial (et qui va rendre son acteur principal très riche par le jeu des pourcentages), mais j'avoue au final y être passé à côté.