Tomahawk est un film de série B de qualité. Il a été réalisé par George Sherman qui a tourné un très grand nombre de westerns durant sa carrière. Celui-ci a l’intérêt de prendre le partie des indiens de manière appuyée, il est l’un des tous premiers à le faire dans les années 50 qui marquent un changement de discours dans la manière d’aborder le sujet.
Tomahawk met en scène le personnage historique de Jim Bridger, campé par Van Heflin : un pionnier, trappeur et éclaireur de l’Ouest américain qui épousa successivement trois amérindiennes. Dans le film il est placé entre l’enclume et le marteau des tuniques bleues et des Sioux. Position inconfortable dans laquelle il tente de suivre sa conscience et de se comporter avec honnêteté sans trahir personne. Alors qu’il tente tout pour apaiser les relations, Dancy un sous-officier de l’armée américaine ne rêve que d’une chose : massacrer les indiens ! Il a fait partie des fanatiques dirigés par le prêtre Chivington, autre personnage historique de l’histoire américaine dont le souvenir n’est pas à la gloire des USA puisqu’il est associé au massacre de Sand Creek.
Ainsi le film met constamment en tension ces diverses attitudes entre ceux qui cherchent à établir la paix, ceux qui cherchent à tuer coûte que coûte, ceux qui essaient d’y voir clair, ceux qui ont à lutter avec leurs préjugés.
Et surtout le film dénonce sans mettre de gants les injustices commises par les américains envers les indiens. La séquence d’ouverture est emblématique, mettant face à face les tuniques bleues et les Sioux lors de la « Conférence de Laramie », tandis qu’une voix off décline ce que les uns ont à reprocher aux autres. C’est ainsi que pour l’une des premières fois, un western reconnaît clairement les torts faits aux indiens :
Vos cœurs et vos esprits sont également remplis d’amertume et de haine, parce que vous aussi avez une vision : celle de terrains sacrés, silencieux et déserts ; de bisons, d’élans et de castors, votre nourriture, vos vêtements et habitations, disparus pour toujours ; de famine et de maladie alors qu’autrefois vous connaissiez l’abondance.
Entre cette séquence où les Américains se comportent avec mauvaise foi et la dernière où Nuage Rouge a enfin obtenu gain de cause, les relations entre l’armée et les Sioux se détériorent de plus en plus jusqu’à la bataille finale durant laquelle les indiens sont massacrés sous les tirs en rafales des américains. Une séquence qui laisse un goût amer.
Un dernier personnage historique est à signaler, celui de James Beckwourth qui était afro américain et qui est campé ici par un blanc. Il avait écrit une biographie dans laquelle il relatait ses aventures aussi extraordinaires que celles de Davy Crockett mais comme c'était un afro américain on a dit que ces histoires étaient inventées. C'était le cas pour tous les trappeurs qui en rajoutaient! Mais quand il s’agissait de blancs, on ne trouvait pas à redire...
Tomahawk est un western qui mériterait à être davantage connu et qui est recommandé aux amateurs du genre.