Bien sûr, le film est parfois limité et ne parvient pas toujours à la hauteur de ses ambitions, c'est sûr, mais tout a été fait par les auteurs et le ministre de la culture et des sports de la république u Kazakhstan pour qu'il soit le plus spectaculaire possible et rapidement, il faut bien le reconnaitre, la féérie des costumes et la radicalité du propos emporte l'adhésion sur quelques CGI foireux et les limites techniques de l'affaire. Nous avons donc l'histoire, cise au VIème siècle, dans les steppes d'Asie Centrale d'une jeune princesse qui, à travers la peine et la tragédie, finira par défaire le plus grand roi Perse de l'époque, Cyrus.
"She shot Cyrus", on a envie de gueuler à la fin, mais en kazakh car, à l'instar de certains des films de Mel Gibson, l'exotisme de la langue soutien admirablement le propos et offre une dimension supplémentaire à cette princesse Disney en goguettes dans le monde de Conan. On peut penser aussi au récent Viking, de Andrei Kravchuk, même si ici le propos politique ne semble pas concerner la naissance d'une nation mais se limite à l'évocation d'une figure légendaire, Tomyris, dernière guerrière Amazone, qui unifia les peuples de la steppe et mis fin à l'empire de Cyrus. Généralement, dans ce genre de projet, l'histoire est toujours un peu édulcorée, on montre que le héros ou l'héroïne est juste, qu'elle est cruelle dans sa vengeance car elle a beaucoup souffert mais qu'elle saura, in fine, dépasser sa propre douleur pour faire régner la justice. Ici, que nenni, le père de Tomyris est un bon Roi, c'est à dire qu'il aime faire des raids chez ses voisins pour les massacrer, et lorsque deux de ses lieutenants proposent d'arrêter la guerre pour se consacrer plutôt au commerce, qu'il est vain de passer son temps à s'entretuer, ils sont moqués. La vengeance des humiliés qui s'ensuit et la mort du Roi sont perçus non comme découlant de la nécessité de faire cesser une guerre inutile, mais plutôt comme l'action lâche de traitres suffisamment faible pour préférer aux noblesses du pillage, le commerce pour satisfaire leurs femmes de bijoux. Pourquoi faire des affaires alors que je peux massacrer tout le monde, se demande le juste Sargap, le père de la petite Tomyris...
Tomyris, c'est donc cette princesse Disney qui trouve, et c'est exactement ce qu'on voit dans le film, que c'est magnifique de tuer ses ennemis, que c'est cool de les voir mourir devant soi et qui se réjouit des lamentations de leurs femmes. Qu'elles partent errer dans la steppe, sans maison et à jamais. OK. La zouze est pas commode, et le personnage est superbement campé par Almira Tursyn dont le charisme irradie certaines scènes. Ses discours sont impressionnants, comme le sont ses aptitudes guerrières et sa garde robe, bonnets compris. Il faut la voir, à la fin du film, apaisée et finalement heureuse, hurler victoire devant la tête décapitée de son ennemi...
Bref, un chouette casting de bonnes goule, de grandes batailles à cheval, la steppe et le vent dans les cheveux, tout ça, donc tout ça fait un chouette film, un truc qu'on voit pas tous les jours, une oeuvre pétrie par ses influences locales et par quelques influences pop internationales (bien sûr on a quelques plans qui louchent vers les horreurs de Snyder mais on a aussi quelques plans chipés à Fury Road...) mais un truc est sûr c'est qu'on est pas devant un Wonder Woman !