Surprise du festival de Cannes, "Toni Erdmann" est le troisième film de Maren Ade (qui nous avait déjà surpris avec "Everyone Else"). Celui-ci nous raconte l'histoire de Winfried qui, pour se rapprocher d'une fille distante vivant à Bucarest, va se changer en Toni Erdmann, personnage grandiloquent issu de l'esprit bourré d'humour de ce père désemparé. C'est donc vers l'humour que tend le film. Mais pas que. En effet, si le film est émaillé de blagues potaches (correspondant si bien au personnage de Winfried/Toni), l'ensemble est pourtant emprunt d'une mélancolie palpable, qui prend le spectateur par les sentiments durant 2h43 qui passent en un éclair. Ainsi, le rire laisse la place aux larmes et inversement de façon extrêmement naturel, notamment grâce à une réelle maitrise du sujet et de la mise en scène. C'est bien simple, aucun plan, aucune séquence, aucune performance ne vient jurer dans ce film qui affiche une simplicité trompeuse. En effet, on sait que la réalisatrice ne laissait aucune place au hasard ou à l'approximation sur son tournage et cela se ressent, surtout au niveau des acteurs. Car c'est aussi les performances de Peter Simonischek et Sandra Hüler qui font de ce film une oeuvre si réussie. Le premier est touchant en Winfried, très drôle en Toni. La seconde est froide jusqu'a ce grand moment de la fête à poil, instant curieux de cette histoire qui n'en manque pas.
Au final, "Toni Erdmann" est l'un des films les plus interessant que l'on ai vu cette année. Très curieux, original et maitrisé, le film ne peut que convaincre, pour peu que l'on rentre dedans et que l'on ne soit pas effrayé par sa durée ou son côté... allemand.