Femme d’affaire d’une grande société allemande basée à Bucareste, Ines n’a pas vraiment le temps de se lier une relation avec son père. Pourtant un jour elle le voit débarquer sans prévenir. C’est tout de même son père, elle se doit de l’accueillir. Mais il sera très difficile pour elle de ne pas cacher son exaspération. Son père, c’est Winfried et il vient de perdre son chien. Comme un déclic et dans le désespoir, il va s’inventer un alter ego pour bousculer la relation avec sa fille. Son arme ? Jouer de l’humour avec sa grossière perruque et son dentier ridicule. C’est alors qu’on le voit peu à peu s’improviser en coach Toni Erdmann. Mais sa fille, à tendance crispée, voit ses nerfs bouillir. Comme si elle n’avait que ça à faire. Pendant près de trois heures nous suivons ce conflit de génération et familial où un père va tenter le plus risible pour toucher sa fille et au moins lui faire décrocher un sourire. Finalement c’est au bout de deux heures que les ligaments du sourire d’Ines vont éclater. Situation inattendue, la chanson dans l’appartement est jubilatoire. Ce moment va marquer un tournant dans l’analogie de ces deux êtres. Prix de la Critique au Festival de Cannes 2016, Toni Erdmann est une comédie sur le lâcher prise. Ce que traversent ce père et cette fille est finalement tellement dramatique que chaque séquence à la Toni est hilarante et déborde de sens. Un vrai travail a été effectué dans l’écriture et la performance du duo. Mais la mise en scène est tout aussi troublante, notamment les arrière-plans qui sont souvent tellement prenants que les plans principaux, pourtant excellents, en sont oubliés. En toute modestie, ce long-métrage ne se proclame rien, si ce n’est à l’image du kukeri, le déguisement velu bulgare, une œuvre décomplexée pour chasser les mauvaises ondes et célébrer le printemps.

Lynch_Stanley
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films des années 2010 et Les meilleurs films de 2016

Créée

le 29 déc. 2024

Critique lue 3 fois

Lynch_Stanley

Écrit par

Critique lue 3 fois

D'autres avis sur Toni Erdmann

Toni Erdmann
CableHogue
8

Pour la beauté du geste

À quoi tient l’évidence d’une oeuvre ? En regard d’un objet inclassable comme Toni Erdmann – une comédie dramatique allemande de près de trois heures –, la question ne manque pas de se poser. En...

le 13 août 2016

68 j'aime

20

Toni Erdmann
Velvetman
7

La rancœur du rire

Dans la jungle du capitalisme qui s’abat sur la plupart des pays européens déambulent de nombreux spécimens aliénés. C’est alors qu’on y trouve Winfried Conradi, une sorte de Teddy Bear des cavernes...

le 19 août 2016

61 j'aime

5

Toni Erdmann
guyness
5

Postiches.. Liebe Dich

Il n'est pas totalement impossible que mon manque d'enthousiasme envers Toni Erdmann soit avant tout le fruit de considérations éminemment personnelles. Presque intimes. Je me suis toujours senti...

le 31 août 2016

57 j'aime

36

Du même critique

Les Femmes au balcon
Lynch_Stanley
9

Critique de Les Femmes au balcon par Lynch_Stanley

Le deuxième long-métrage de l'actrice Noémie Merlant derrière la caméra est une véritable surprise. "Les femmes au balcon" est une comédie féministe post #MeToo sur la liberté des corps, les...

le 25 mai 2024

9 j'aime

1

Il reste encore demain
Lynch_Stanley
8

Critique de Il reste encore demain par Lynch_Stanley

Vif succès en Italie, « Il reste encore demain » suit le quotidien d’une femme dans la Péninsule au lendemain de la Seconde guerre Mondiale. Delia, mère de trois enfants, doit faire face à la...

le 14 mars 2024

8 j'aime

Chroniques de Téhéran
Lynch_Stanley
9

Critique de Chroniques de Téhéran par Lynch_Stanley

« Chroniques de Téhéran » présente neuf scénettes de personnages face caméra qui subissent de plein fouet l'aberration et la censure du régime

le 14 mars 2024

6 j'aime

1