Ne vous fiez pas ni l'affiche ni à la bande-annonce, on n'est pas ici dans une comédie satirique à l'italienne, ni - encore moins - dans une sinistre comédie cynique de Yann Moix, façon Podium (ouf !)
S'il fallait rapprocher ce Tony Manero d'un autre film, ça serait sans doute davantage de Henry: portrait of a serial killer, de John Mc Naughton.
Le film se déroule en 1978, dans le Chili de la dictature militaire de Pinochet et nous conte l'errance sanglante d'un paumé, fan de Travolta, que l'obsession pour La Fièvre de samedi soir et son ambition à devenir, à 52 ans, sosie officiel de Travolta vont pousser aux pires exactions et particulièrement au meurtre.
Le film est très sombre, parfois même totalement glauque et à peine désamorcé par une ironie émergeant parfois de manière inattendue.
Il parait qu'on peut y lire en filigrane une métaphore de la dictature Pinochet, moi je n'y vois qu'un contexte, une toile de fond.
Par contre, le portrait sans concession de cet homme sans compromis est brillamment réussi et le génial Alfredo Castro parvient à toucher, parfois, autant qu'il terrifie, souvent.
Sa composition est suffisamment exceptionnelle pour valoir à elle seule de voir ce film.
Mais la mise en scène, elle aussi, est souvent admirable, notamment lorsqu'elle suit les errances du personnage dans les rues et les immeubles avec un talent proche de celui des frères Dardenne, façon Rosetta.
Mais c'est dans ses partis pris de mise en scène que le film trouve aussi ces limites, notamment dans l'usage permanent du flou dans les prises de vues. Si cette idée est parfois signifiante et même géniale, son systématisme, tout au long du film, finit malheureusement vite par devenir creux et agaçant, d'autant que le film n'est finalement jamais aussi fort que lorsqu'il cesse de recourir à cet "effet", notamment dans les scènes de plateaux télé.
Mis à part ce bémol, le film est passionnant de bout en bout et s'avère être une excellente surprise de ce début d'année.