Réalisateur à la carrière éparse, Dennis Hauck œuvre depuis le début des années 2000 au sein du 7éme art par petite touche.
Dernière création en date, Too late nous invite dans une investigation banale et peu commune à la fois.
En effet, l’auteur nous positionne aux côtés de Mel Sampson. Ce détective se retrouve impliqué dans une affaire de disparition d’une jeune femme. Un job tristement convenu dans ces lieux de perdition où le pouvoir et l’argent corrompent tout.
Nous passons par les différentes étapes permettant de résoudre ce mystère. Le récit se compose d’une succession de rencontres afin de glaner les informations nécessaires. Nous observons aussi les confrontations avec des suspects potentiels. Ces différentes interactions apportent de la consistance à ses personnages. Nous les cernons mieux au fil du temps.
L’avancée de l’enquête nous permet de comprendre la raison pour laquelle cette affaire est différente de celles traitées habituellement par notre homme. Évidemment, lorsque l’affect rentre en jeu, le professionnalisme d’un individu s’effrite et laisse place à des comportements excessifs.
La particularité de l’œuvre réside dans les choix cinématographiques.
Tout d’abord, il y a la décision de ne créer que des plans-séquences. La mise sous tension du récit s’effectue donc de manière lancinante. Elle se retranscrit dans la tournure prise par les conversations ou l’arrivée dans le cadre de nouveaux protagonistes par exemple. Nous avons ainsi le temps de nous imprégner de la ville et de ses lieux. Nous créons une proximité avec les protagonistes en ayant la sensation d’être un témoin silencieux des différentes situations retranscrites. L’impact est d’autant plus fort lorsque la situation dérape.
Nous avons aussi la déconstruction temporelle opérée. Le suivi des évènements n’est pas chronologique et la trame n’est pas explicitée. La démarche induit l’implication totale du spectateur au sein du récit. Nous réussissons à nous repérer dans cet univers grâce aux dialogues et l’état de santé de notre protagoniste. Des indices décimés avec parcimonie à l’image de cette triste affaire.
L’approche de l’auteur est pertinente et permet de sortir le film du tout-venant. Loin d’être un simple gimmick, cette construction narrative fait partie intégrante du récit. Les découvertes de l’enquête et du passif de nos protagonistes nous offrent une vision élargie sur la situation vécue.
Comme évoquée précédemment, l’histoire est autant judiciaire que personnelle. Le périple avance parallèlement sur ces deux pans. Bien que tentant de maintenir un intérêt sur les deux pans, l’intimité des personnages éveillent bien plus notre intérêt. La raison est que l’investigation reste trop convenue en l’état.
À l’inverse, les révélations à propos de la vie privée des individus intensifient leur sensibilité et notre empathie. D’ailleurs, le dénouement de l’œuvre contient sa charge émotionnelle grâce à l’affect développé pour ces personnes.
In fine, Too late prend tout son sens lors de ce dernier acte. Il nous rappelle la futilité de vouloir rattraper le temps passé. Il amène à profiter de l’instant présent et de choisir ses priorités au risque de continuer à vivre avec des remords. Les protagonistes finissent par devenir des êtres souhaitant vivre dans un monde uchronique pour ne plus affronter leur triste réalité. Une conclusion déchirante pour une œuvre captivante.