C'était mieux avant ?

• L'arrivée de ce nouveau Top Gun en trombe dans nos salles en mai dernier n'a cessé de faire parler. A la fois un box office regrimpant en flèche et des critiques positives pour un deuxième volet aux allures de 1985 2.0.

La grande qualité du premier Top Gun résidait dans sa capacité à la fois à satisfaire un public désireux d'action, mais aussi de garder une part de logique dans la construction de son intrigue. L'exploitation des 80's était évidemment inévitable, beaux mecs cheveux au vent et pecs dans le sable, se tirant la bourre pour la liberté suprême: être le meilleur pilote du monde. Ajoutez à cela une histoire amoureuse pimentée par une proximité professeure/ élève, et le comble du désir est atteint à la vitesse de la lumière. Voilà pour le rappel du premier film.

Un trop lourd Re-Mach

Top Gun: Maverick ne cache pas, et ce dès le début du film, sa volonté de rester fidèle à ses valeurs, et à son ancêtre en date. Bande son et premières images copiées/ collées, de même pour le générique et la typographie. Servi sur un plateau. La fidélité en devient presque étrange après le visionnage des trente premières minutes. L'intrigue est la même, et l'impression est donnée que le seul changement au scénario réside dans le nom des pilotes, et la zone de mission. L'instructrice version 1985 se transforme en instructeur 2022, et au lieu de se faire dragouiller au bar, il est jeté dans le sable à bout de bras par ses élèves. La surprise quelques minutes plus tard est exactement la même, à l'annonce de l'instructeur en chef. Le beach volley endiablé se transforme ici en football, et la jolie villa de l'inconnue Penny ressemble étrangement à la belle maison ensoleillée de la disparue Charlie.

La rivalité entre pilotes est quant à elle encore bien exploitée, pour des hommes (et femme) vivant dans ce milieu compétitif depuis leur plus jeune âge, conditionnés à être les meilleurs, composant très souvent dans le moule d'un père, ou dans celui d'un autre Man. Les missions dirigées par Maverick, et le montage dynamique sont pour leur part complètement identiques -si ce n'est pour les enjeux, dont nous reparlerons plus tard- au premier film. Tout le projet semble ainsi vivre dans l'ombre d'un monument du passé.

Les rebondissements finaux divergent évidemment de ceux du premier opus. Maverick prenant part à la mission, l'évidence d'une fin de bataille père/ fils spirituel alliés prend forme, et nous est offert ce dernier vol jouissif pour les adeptes de Mav et du regretté Goose. Par ailleurs, cette scène d'action finale se transforme peu à peu en labyrinthe sans fin. Des péripéties très agréables à suivre malgré leur prévisibilité inévitable, mais ce chemin tortueux et sans fin possède une arrivée. Après la transformation du film pour quelques minutes en un nouveau Mission Impossible, le vol d'un F12 permet finalement de rendre justifiable le duo ancien/ rookie au volant du vieux modèle. Inéluctable, tout comme le sauvetage pas très réaliste et de dernière minute de Val Kilmer Jr, pour finalement lui offrir l'importance qu'il mérite.

La ré-utilisisation de certains plans tient pour finir uniquement du fan service pur et dur, mais visiblement, c'est une recette qui marche en 2022. L'homme araignée nous l'a montré, et Maverick le confirme.

La simplicité en solution

Top Gun 2022 possède malgré tout son lot de bonnes surprises. Les scènes d'action sont chorégraphiées et réalisées à la perfection. Véritable prouesse que seul de cinéma moderne est capable de nous offrir, elle relève l'amertume d'un scénario trop banal, et impressionne dans les scènes cruciales et tendues. L'immersion est donc totale, les plans réussis, la jouissance est à son paroxysme. Tout cela sans presqu'aucun effet visuel, réussite totale.

L'adaptation des enjeux à l'époque (bien qu'elle soit obligatoire) est également très réussie, avec la mise en avant de la future disparition d'un métier et d'une vocation qui en fait, et aura fait vibrer plus d'un. L'ennemi n'est toujours pas cité, du moins très sommairement, mais là n'est pas le problème. Ici, à l'image des enjeux principaux, le combat semble inversé par rapport au premier film: grosse position de faiblesse pour nos héros là où Top Gun 1 mettait amis et ennemis à égalité; bataille finale sur terre accidentée au lieu de mer plate et sans grosses difficultés, et surtout un Maverick seul face à lui même et à sa fougue toujours intacte.

La dualité, qui se transforme peu à peu en complicité, entre les acteurs est tout à fait maîtrisée, et les personnages principaux crèvent l'écran et s'amusent comme des petits fous à mettre à profit leur préparation musculaire aux protéines. Miles Teller réussit dans un personnage difficile et ambivalent, et le reste de l'équipe met en avant un dynamisme très prenant et fidèle. Tom Cruise est lui aussi toujours impeccable dans un Maverick inchangé sous le cockpit, mais vraisemblablement plus mature derrière le bar.

• Top Gun: Maverick est donc un film plaisant à regarder, évidemment plus que le premier notamment pour les efforts visuels et l'adaptation au siècle naissant, mais qui laisse derrière lui trop d'imperfections dûes à l'héritage important de son aîné. Une copie formatée, une ode aux années 80 ou un message fort de nostalgie, sûrement tout cela à la fois, pour un projet trop proche de l'original, qui rappelle à quel point le culte le restera.