C’était un sacré défi de rempiler pour un deuxième Top Gun trente six ans plus tard et de rester en cohérence avec le premier film. Tom Cruise vieillissant, il ne fallait pas tomber dans le travers d’un récit trop physique où Maverick continuait à jouer les chiens fous et à aligner les provocations « signature ». Finalement, cette suite a su composer avec un Cruise sexagénaire pouvant donner du sens à la nostalgie de Pete Mitchell ainsi qu’à ses vieux démons ne cessant de le hanter ( surtout la mort de Goose faisant ressortir sa culpabilité d’être toujours en vie et l’ultra-protection de son fils pour que l’histoire ne se répète pas.). Faire de Maverick un instructeur qui passe le témoin à des pilotes aguerris plus jeunes sans qu’il renie son identité profonde est le bon compromis du film. Voir un Maverick avec de la bouteille est donc raccord et bienvenu. De plus, le décalage entre Pete Mitchell et les recrues de Top Gun ( voulant tester la légende) procure des scènes assez savoureuses au début du film. Avant que la réalité et ses impératifs ne remettent les pendules à l’heure. Là, où on attendait le réalisateur Joseph Kosinsky, c’était sur les scènes de vol (en entraînement comme au combat).On est ravis de constater qu’elles sont encore plus immersives et procurent encore plus d’adrénaline que sur le premier opus, progrès technologique oblige.J’ai également adoré le clin d’œil où Maverick pilote/instructeur ( volontairement et progressivement aux commandes du furtif F-114,F-18 et F-14) finit par laisser la place à un Pete Mitchell « libre de son engagement militaire » pour retrouver le plaisir de voler pour lui-même avec sa dulcinée Penny à bord d’un vieux zinc. Et de constater que le corporatisme du personnage est relégué sur le civil en jean porté par cette escapade privée le rendant heureux. Au niveau des confrontations entre personnages principaux, le spectateur nostalgique est content de revoir Iceman ( permettant à Val Kilmer de prouver son plaisir intact de jouer malgré ses difficultés respiratoires). J’émets un peu plus de réserve sur la relation perturbée entre Maverick et Rooster ( fils de Goose campé sans véritable conviction par Miles Teller) où la distanciation voulue entre les deux hommes n’est pas si convaincante. Même si elle alimente le story-telling du film et fait ressortir la volonté de rédemption de Maverick, elle empêche la positivité de leur passé commun de rejaillir ( la famille de Goose étant une famille de substitution pour Pete Mitchell.Et même si Bradley/Rooster n’était qu’un môme lors de ces moments heureux,que sa mère aurait pu lui restituer). Au final, un dosage pas maladroit entre action pure et scènes plus émotionnelles. Et Top Gun Maverick a plutôt bien su saisir l’équilibre à installer entre passé et modernité.,Au passage, le film réussit à rendre l’armée de l’air américaine moins caricaturale,,ce qui n’est pas rien. N’hésitez pas plus longtemps à vous faire plaisir en allant voir ce film un peu plus réfléchi que la moyenne dans son genre. Il vous procurera de bons moments cinématographiques sans prétentions et cela fait du bien de ne pas trop en demander à ses neurones de temps en temps.

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le 26 mai 2022

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