Drame social sous forme de thriller, Toril (au départ intitulé mauvais œil) nous plonge dans un univers éprouvant et mouvementé, habité par des personnages qui n’en sortiront pas indemnes. Nous suivons le personnage de Philippe, jeune homme cherchant par tous les moyens à aider son père, qui peine à rembourser ses dettes. Il se lance alors dans le trafic de drogues, jusqu’à mettre sa vie et celle des autres en danger. Laurent TEYSSIER, lancé avec peu de budget pour réaliser ce film, arrive sans souci à nous plonger dans son ambiance volontairement nerveuse, grâce au montage, au son et à la photographie. L’esthétique de Toril est importante et aide souvent à la narration : ralentis sur la quasi-totalité de l’exposition prenant la place des dialogues, montage s’accélérant sur une même scène, alternance de plans serrés/plans larges… c’est grâce à cette esthétique d’ailleurs que le film fait oublier au spectateur son scénario légèrement prévisible et ses personnages renfermant trop peu de reliefs. En effet, on ne tarde pas à se douter de l’issue du film, bien que la question du « comment celle-ci va arriver » subsiste ; et si les acteurs (dont le talentueux Vincent Rottiers) parviennent à donner de la profondeur à leur personnage, ils n’empêchent pas les dialogues de se faire ressentir trop écrits et les protagonistes prévisibles. Au-delà de ces bémols, le film parvient à nous faire passer un moment riche en émotions, dont on sort avec contentement.