TORIL (13,4) (Laurent Teyssier, FRA, 2016, 90min)
Ce thriller social tendu nous plonge dans le Sud de la France à la rencontre de Philippe jeune homme qui travaille dans l’exploitation agricole de son père tout en faisant un peu de business illégal par le biais de plantations de cannabis. Pour aider son père à garder son domaine surendetté Philippe va se lancer dans un trafic de drogue plus important. Pour son premier long métrage, Laurent Teyssier (ancien élève de la FEMIS) s’essaye au film de genre. D’emblée le réalisateur installe une atmosphère intrigante caméra portée avec deux scènes sans dialogues, la première dans une feria camarguaise et la deuxième avec l’installation d’un marché de maraîchers à même la rue en alternant gros plans, ralentis et plans plus larges. Ces deux scènes plantent le décor et le parallèle établit entre le taureau et l’agriculteur endetté seul contre l’adversité ! Tout au long du film à travers une peinture sociale réaliste démontrant les difficultés de s’en sortir pour les agriculteurs poussant à agir de façon extrême, le cinéaste maîtrise sa mise en scène assez sobre, sèche, épurée offrant de très beaux plans en scope de ces paysages du sud assez sensoriels et certaines scènes violentes judicieusement mises en images pour donner au film une certaine puissance et noirceur peu commune dans le paysage cinématographique français. Laurent Teyssier utilise fréquemment le gros plan et le hors champ de manière suggestive. Certains aspects narratifs comportent quelques imperfections dans le traitement de certains personnages (dont le changement de comportement trop rapide du père par exemple), et certains protagonistes pas assez écrits ne font pas évoluer l’intrigue. Mais l’ensemble porté par un impeccable et déterminé Vincent Rottiers, la lumineuse Sabrina Ouazani, et un casting très viril mais pas toujours correct engendre un exercice de style où la tension ne baisse jamais toujours pesante et associé à la mythologie taurine. Ce film bénéficie d’une bande sonore originale très réussie à base de boîte à rythmes, d’électro et d’instruments additionnels orchestré pas DJ Oil alias Lionel Corsini. Venez découvrir sous le soleil du sud que la bête demeure en chacun de nous près du «Toril». Noir, tragique et convaincant !