Torrente : le Bras Gauche de la Loi est un film espagnol réalisé, écrit, et avec Santiago Segura. Caractérisé par son humour grossier et caricatural, il a été un succès surprise en Espagne au point qu’il rentre rapidement dans l’imaginaire populaire espagnol. Blagues de mauvais goût, langage grossier, scènes scatos ont été la clé de son succès en Espagne. Forcément, devant un tel engouement, ça sentait la poule aux œufs d’or, il était donc logique qu’une suite voie le jour. C’est en 2001 qu’arrive Torrente 2 : Misión en Marbella dans les salles espagnoles. Un budget presque doublé, 2.8M€ contre 1.6 pour le premier film, et un nouveau succès pour Santiago Segura puisque cette suite rapporte 22M€ juste en Espagne. Pas moins de 5.3 millions de spectateurs sont allés dans les salles obscures pour suivre les nouvelles aventures de l’ignoble Torrente, ce qui en a fait à l’époque le film ayant rapporté le plus de recettes dans l’histoire du cinéma espagnol (il sera dépassé un peu plus tard par Les Autres (2001), sans doute aidé par le gros matraquage médiatique et publicitaire qui a accompagné sa sortie). Bien qu’il manque à Torrente 2 cette touche d’originalité qui caractérisait son prédécesseur, cette première suite vaut malgré tout qu’on s’y attarde.


Ceux qui n’ont pas aimé le premier film ont peu de chance d’apprécier ce second film. A l’inverse, si vous avez rigolé comme des baleines devant Torrente premier du nom, celui-ci vous plaira à n’en pas douter. On retrouve donc Torrente, l’ex policier le plus trash du cinéma espagnol, corrompu, fasciste, misogyne, obsédé sexuel, sale et tout les défauts qui peuvent rendre un personnage immonde. Rien n’a changé par rapport au premier film, il a toujours un sens particulier de la justice et, une fois de plus, se torche allègrement avec le politiquement correct. Sorti du premier film riche comme Crésus, Torrente va se réfugier à Marbella, sur la Costa de sol, où il flambe comme jamais. Enfin, ça c’était jusqu’à ce qu’il soit ruiné après avoir un peu trop flambé dans un casino et qu’il se retrouve sans le sou. Ni une ni deux, il reprend ses vieilles habitudes et ouvre une agence de détective privé en compagnie de Cuco, un camé avec qui il s’est lié d’amitié. Ensemble, ils vont essayer, toujours avec bon goût (hum) et un professionnalisme à toute épreuve (hum hum), de régler les petits tracas de la population locale. Mais ils vont se retrouver impliqués par accident dans un réseau de trafic d’armes avec des types très dangereux qui ont décidé de faire sauter Marbella à grands coups de missiles si le maire de la ville ne leur file pas des valises pleines de pognon. Si le premier film était une parodie des films policiers et d’action, Torrente 2 : Misión en Marbella est une parodie des films de James Bond comme nous l’annonce immédiatement le générique d’introduction, pastiche sexy et crétin du célèbre générique de la saga James Bond. Bien entendu, l’intrigue va être ici des plus farfelue et sujette à bon nombre de gags et autres situations tout bonnement improbables. A l’instar de Torrente, Torrente 2 est une comédie outrancière, satirique et donc parfois même parodique. Bien qu’il délaisse pas mal le côté scato du premier film, il pleut malgré tout des grossièretés au point que des oreilles chastes pourraient rapidement être outrées et passer un très mauvais moment.


Le film continue son petit bonhomme de chemin sur le politiquement incorrect en touchant à tous les sujets et tous les clichés. Mais là où le premier film versait par moments dans la violence, ici c’est moins prononcé et à la place, Santiago Segura préfère aller vers l’humour noir. Comme dans le premier film, il n’y a pas un seul personnage normal. Ils sont tous plus crados, crétins, improbables les uns que les autres. Il n’y en a pas un qui n’ait pas un pet de travers, de l’assistant polytoxicomane au méchant fétichiste des singes en passant par les sbires pas piqués des hannetons. De l’aveu même de Segura, sa saga dépeint (en poussant les traits à l’extrême) le citoyen espagnol moyen, très conservateur, un peu bourrin, parfois superficiel, et souvent machiste, Torrente accumulant toutes ces tares de façon bien exagérée pour le plus grand plaisir des spectateurs qui vont autant l’aimer que le détester. Et comme dans le premier film, la réalisation est un peu hasardeuse. Malgré tout, on sent que Segura prend confiance et se permet un peu plus de choses, injectant (sans doute grâce au budget un peu plus gonflé) bien plus d’action, de cascades et d’explosions, rendant ainsi la mise en scène un peu moins plate. Le scénario part un peu dans toutes les directions, se réduisant parfois à une succession de scènes certes gratinées mais décousues. Mais Santiago Segura, après le succès du premier film, a réalisé le film que le public semblait attendre, c’est-à-dire dans la continuité de l’original, avec la même formule, des gags à la pelle, quelques scènes d’action avec de la tôle froissée et l’envie de faire passer au spectateur un bon moment. Et bien entendu, d’engranger au passage un joli paquet de pognon. Le film se caractérise également par son grand nombre de cameos. Beaucoup de personnalités locales comme des chanteurs, des acteurs, des humoristes, des stars de la télé ou encore des sportifs, qui parleront essentiellement au public espagnol, mais malgré tout deux ou trois têtes connues de certains comme l’ancien numéro un mondial de Tennis Carlos Moyà.


Si vous avez aimé le premier Torrente, cette première suite devrait vous ravir. Plus axé action grâce à un plus gros budget mais toujours aussi politiquement incorrect, Torrente 2 est une comédie d’action outrancière, très conne, mais surtout très fun.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-torrente-2-mision-en-marbella-de-santiago-segura-2001/

cherycok
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le 24 avr. 2023

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