Un Jason Bourne futuriste sans originalité et surtout peu mémorable.

Et un remake de plus à ajouter parmi les nombreux titres qui sont sortis récemment et qui prouvent qu’à Hollywood, l’originalité et les idées sont aux abonnés absents ! Et pourtant, le studio semblait y croire, vu la promotion autour de ce film, les têtes d’affiches (Colin Farrell, Kate Beckinsale et Jessica Biel) et le nom réalisateur (Len Wiseman, papa de la saga Underworld dont réalisateur des deux premiers films, et également de Die Hard 4). Au final, ce remake (bêtement sous-titré Mémoires Programmées) arrive-t-il à faire oublier le film culte de Paul Verhoeven, avec Arnold Schwarzenegger ? (ATTENTION, SPOILERS)

Douglas Quaid a tout pour être heureux : une femme charmante, une condition de vie acceptable, des amis… Et pourtant, il en a marre de vivre constamment ce train-train quotidien. C’est alors qu’il se rend chez Rekall, une société proposant d’implanter à ses clients des souvenirs virtuels. Quand Quaid se voit offrir une mémoire d’agent secret, il se retrouve embarqué dans un complot dont la vie de millions de gens dépend ! Vous l’aurez compris (pour ceux qui ont vu le film original), ce Total Recall version 2012 joue à fond la carte de la fainéantise en reprenant quasiment scène par scène le long-métrage de Paul Verhoeven, et ce malgré le fait que l’intégralité de l’aventure se déroule sur Terre et non sur Mars (comme dans la nouvelle). Ainsi, on y retrouve les mêmes dialogues, les mêmes personnages (Lori, Melina, Cohaagen…) et les mêmes détails (la prostituée aux trois seins, le bras arraché par le passage d’un ascenseur, le changement de physique…). Bref, le film de Wiseman suit exactement la même trame scénaristique que le premier (déjà différent de la nouvelle d’origine), sans même oser la moindre nouveauté (à part quelques unes, mineures, comme « la Chute »). Sur ce coup, le remake prouve encore une fois qu’il est un genre sans intérêt, juste idéal pour un important lifting.

Un coup de jeune donc. Mais là aussi, le lifting manque d’originalité ! Pas que les costumes, accessoires et les effets spéciaux (manuels ou numériques) soient de mauvaise facture. Loin de là ! Mais tout semble copié, et pas seulement sur le film de Verhoeven. Dans les décors, on retrouve aussi bien du Blade Runner (les décors sombres de la Colonie) que du Minority Report (ceux l’Union Fédérale Britannique, high-tech et lumineux bien qu’assez grisâtres). Bon, on peut fermer les yeux là-dessus, en espérant que c’est pour respecter ce qui a déjà été fait sur l’œuvre de Phillip K. Dick. Malheureusement, on sent également l’impact d’autres films (The Island, THX 1138, Le Cinquième Élément) et même jeu vidéo (Mass Effect, pour les policiers synthétiques) sur d’autres détails du film. En somme, c’est beau, mais cela sent le déjà-vu à plein nez ! Même du côté de la bande-originale, orchestrée par Harry Gregson-Williams, plutôt électro-pop et espionnage moderne que véritablement science-fiction

Bon, il n’y a pas que des défauts dans ce remake. Et il faut reconnaître que ce Total Recall remplit pleinement son statut de blockbuster, en étant un film d’action rondement mené, très efficace et sans perte de rythme. Des scènes fort bien exécutées donc, qui frôlent tout de même la démesure et l’invraisemblance. Mais bon, il s’agit du réalisateur d’Underworld et de Die Hard 4 ! Ne faisons donc pas la fine bouche dessus ! Déjà que les acteurs ne s’en sortent pas trop mal, même si on n’est pas prêt d’oublier le « couple » que formait Schwarzenegger et Sharon Stone (en plus de Michael Ironside). Mais il faut bien avouer qu’il est agréable de voir Farrell se débrouiller comme il faut, Beckinsale d’être toujours aussi sexy et Biel d’être présente malgré sa rivale.

En conclusion, Total Recall : Mémoires Programmées n’est, au final, qu’un divertissement de bonne facture aux airs de Jason Bourne futuriste, néanmoins sans identité propre et largement en-dessous de la version de Paul Verhoeven. Par contre, pour ceux qui n’auraient pas encore vu le film avec Schwarzenegger, le remake peut être un excellent entertainment, au scénario amplement travaillé par rapport à la moyenne de ce genre. Mais ils se rendront tout de même compte, par la suite, que ce Total Recall 2012 n’est pas aussi mémorable que le premier film.