Totò al giro d'Italia par Alligator
J'aime beaucoup Totò. C'est un clown superbe, entre un Michel Serrault et un Louis de Funès, entre l'espièglerie farfelue du premier et les grimaces émouvantes du second, toujours dépensant sans compter ses efforts pour la satisfaction du spectateur, bref, avec cette noblesse majuscule des acteurs comiques.
Voir un film de Totò n'est jamais une perte de temps, même si le scénario est ordinaire, même si la réalisation laisse à désirer. Par exemple, ce "Totò al giro d'Italia" n'est pas un grand film. Ce n'est pas non plus un mauvais. L'entre-deux acceptable en somme.
L'histoire n'a rien d'extraordinaire, mêlant le mythe de Faust, les véritables vedettes de la petite Reine, les amours contrariées et des petits sketchs musicaux. L'aspect hétéroclite n'est pas aussi préjudiciable qu'on pourrait le craindre.
Au contraire, peut-être même sauve-t-il le film de l'ennui? Il apporte de la fraîcheur, une espèce de candeur et de la surprise. Les ruptures de tons sont parfois salutaires, même s'ils perturbent la continuité de la narration.
La distribution est gentillette. Totò est le maître devant ses élèves, lesquels se mettent tous à son service. Comme il se doit. Certains comédiens sont d'étonnants sujets : qui s'attendrait à voir Fausto Coppi ou Louison Bobet donner la réplique à Totò?
Alors on ne s'ennuie pas, on peut même sourire aux facéties de l'artiste, mais au final, on ne retient rien d'autre que le visage élastique et la malice populaire de Totò. A voir, rien que pour lui. Ceux qui aiment déjà le gaillard y retrouvent la richesse chromatique de ses expressions, les ruptures à la micro-seconde dans les émotions, ses influences du grand cinéma muet américain : il y a évidemment du Keaton, du Langdon, du Chaplin et du Laurel chez lui, des frères Marx aussi, c'est plus que net. Cela saute au pif. Il "les" maîtrise parfaitement, les a assimilés avec une assurance pleine de charme. J'adore Totò!