Toto le héros est une très jolie fable franco-belge réalisé par Jaco Van Dormael, coécrit par Laurette Vankeerberghen, Pascal Lonhay et Didier De Neck qui met en scéne l'histoire extravagante d'un vieil homme hanté par ses souvenirs qui pense qu'on lui a volé sa vie... Vu a travers une mosaïque complexe de flashbacks mémoires... Thomas Van Hasebroeck (joué par l’excellent Michel Bouquet (âgé) et par Jo De Backer (adulte) se souvient de la vie apparemment sans éclat qu'il a menée et imagine comment les événements auraient pu tourner différemment.... Car depuis l'âge de huit ans, Thomas (joué par Thomas Godet) est persuadé — à tort ou à raison — d'avoir été échangé par erreur à sa naissance avec un autre bébé, son voisin Alfred Kant (joué par Hugo Harold Harrison (enfant), par Didier Ferney (adulte) et par Peter Böhlke (âgé) doublé en VF par Michel Robin)... jalousie ressassée à l'égard de cet homme mieux loti lui a gâché toute son existence, parfois avec des conséquences tragiques pour ses proches.... Depuis il ne songe qu'à se venger et envisage même de le tuer... Avec sa (dé) construction sophistiquée Toto le héros, avec ses retours en arrière, sa conjugaison du vrai et du faux, ses passages incessants du subjectif à l'objectif, constitue un véritable puzzle, pourtant cohérent et maîtrisé... Jaco Van Dormael signe avec cette fable le début d'une série de films plus ou moins atypique (suivront les très bons Mr. Nobody et Le Tout Nouveau Testament qui auront plus ou moins la même narration... et Le Huitième Jour qui conte les aventures de Georges (Pascal Duquenne.. son acteur fétiche... car il joue dans Toto le héros le role de Célestin (adulte) le frère de Thomas qui serait (selon Toto) dans une machine a laver), une personne handicapée mentale atteinte du syndrome de Down (aussi nommé trisomie 21), qui vit dans l'instant...)... Enfin bref, Toto le héros est par sa construction ou on suit les pensées de Thomas a travers ses associations d'images ou il revoit ses amours pour sa soeur Alice (joué par Sandrine Blancke) ou pour Évelyne (jouée par la lumineuse Mireille Perrier) une jeune femme mariée qui ressemble a cette premiere... un excellent film sur l'interrogation identitaire et la réflexion sur les forces destructrices de la rancœur... A voir et revoir absolument pour sa richesse narrative.