Thomas est persuadé d'avoir été échangé à la naissance avec son voisin né le même jour, fils d'un riche patron. Par jalousie, il subira plusieurs malheurs dans la vie. Une fois âgé, il se repasse ses souvenirs & fantasmes...
On dit parfois que le premier film d'un réalisateur est celui où il développe les sujets qui lui tiendront à cœur sur le reste de sa filmographie. C'est en tout cas très vrai pour Jaco van Dormael, qui aborde ici une multitude de thématiques qui lui seront chères.
L'enfance, le destin, la famille, la vieillesse, les choix de vie cruciaux... On y retrouve également son futur comparse Pascal Duquenne, qui tournera dans tous ses long-métrages.
Il fait avouer que tout ceci aurait pu donner un melting pot indigeste et malsain. Sur le papier, certaines idées sont clairement limites, telle que la relation entre notre protagoniste et celle qui n'est peut-être pas sa soeur.
Mais Jaco van Dormael fait preuve d'une grande maîtrise de son récit. Tout est toujours fluide et poétique, malgré la dureté de certaines situations. Le montage alterne constamment entre les époques, et s'amuse avec des effets de transition. La mise en scène propose en permanence de nombreuses audaces (a fortiori pour 1991). Tels que ces jeux de fantasmes (on ne sait jamais ce qui est vrai ou exagéré). Ou ces décors étonnants, avec cette ville impersonnelle et ces époques intemporelles. Ainsi la partie avec Michel Bouquet se déroule en théorie dans le futur, mais reprend des éléments des 60's !
Et sur l'écriture, Jaco van Dormael affiche déjà son style aussi doux qu'amer. Capable d'alterner, voir de mélanger des éléments qui peuvent être cruels avec d'autre très touchant. Le tout avec un scénario relativement imprévisible.
"Toto le héros" est donc une œuvre poétique, qui plus de trente ans après sa sortie, demeure déroutante et fouillée !