Finnish him !

A travers cette histoire d'orpailleur vagabond harcelé par les Nazis, Jalmari Helander livre un hommage assumé au premier Rambo, dont il reprend la structure narrative. Ici, notre homme est un ancien commando finlandais, qui va faire regretter aux teutons d'avoir croiser son chemin.

"Sisu" contient une qualité que j'apprécie beaucoup au cinéma, peut-être celle que j'apprécie le plus quand elle est présente : il mise tout sur la narration visuelle.

Les dialogues sont peu présents, et rarement nécessaires. Tout passe par les postures, l'imagerie simple (les Nazis, l'or) et surtout la mise en scène graphique. J'ai vraiment été bluffé par le film, qui joue sur un montage sonore étouffant, une BO au tambour et aux chants gutturaux, une luminosité polaire très bien gérée, et de magnifiques paysages âpres de Laponie. Permettant de poser une ambiance pesante, à tel point que l'on a souvent l'impression de voir un film post-apocalyptique.

Mais soyez avertis, le ton est pour le moins surprenant. Les morts sont gores au possible, une sorte d'humour noir déployé dans un film qui se prend très au sérieux. Et les péripéties sont volontairement des plus invraisemblables ! Si les quelques anachronismes vous gênent (le tank allemand est clairement trop moderne par exemple), accrochez-vous, car le protagoniste survit à un déferlement de situations qui mettraient au tapis les super-héros les plus coriaces. Et quand on pense avoir atteint les limites de la suspension de crédulité, ils en rajoutent !

Clairement, ça laissera des spectateurs sur le carreau. Personnellement j'ai fait avec, et surtout j'ai vu cela comme cohérent avec le message et le titre du film : "Sisu". Un concept finlandais comme quoi, tant qu'on n'a pas décidé d'abandonner, on peut trouver un courage et une énergie infinie (du moins c'est comme cela que l'explique le film).

Toujours est-il que c'est diablement efficace sur 1h30. L'action ne s'arrête pas, offrant même quelques idées dingues, alors que le film a été tourné pour seulement 6 millions d'euros ! Une bonne nouvelle que de telles oeuvres puisse encore sortir en salles.