Tourné pratiquement dans la foulée de La Grande Bouffe - scandale et succès de l'année 1973 - Touchez pas à la femme blanche est un objet déconcertant à bien des égards : à la fois totalement au diapason des préoccupations socio-politiques hexagonales de l'époque ( Mai 68, l'essor des banlieues parisiennes et ses nombreux ghettos et la reconstruction du quartier des Halles...) et littéralement déconnecté des canons artistiques et esthétiques dans l'air du temps ce western urbain, crapuleux et anachronique joue d'emblée la carte de la farce grossière et outrancière, nous empêchant dans le même temps de croire véritablement à cette transposition des mythes américains ( sécessionnistes, indiens opprimés, conquête du chemin de fer...) au coeur du trou des Halles.
Défaut principal de cet hénaurme salmigondis filmique : l'absence quasi-totale de cohérence esthétique. En effet si le courage, l'audace et l'originalité de Marco Ferreri demeurent d'indéniables arguments susceptibles d'inviter à souscrire au visionnage de Touchez pas à la femme blanche la forme foutraque, le ton poussif et ridicule et l'ineptie des rapprochements symboliques de bon nombre d'icônes jalonnant le métrage en font un objet lourd et très pénible à suivre. La pantalonnade, évidemment assumée par le réalisateur et son casting cinq étoiles ( Noiret, Mastroianni, Deneuve, Reggiani, Tognazzi, Piccoli, Cowl, rien que ça ! ), nous obligerait presque à cautionner tout ce laborieux bordel criard et peinturluré. Hélas l'ensemble ennuie plus qu'autre chose, certes osé mais raté de bout en bout. Dommage...