Il a suffi d'une séquence pour que le film m'arrive en pleine tête: dans cet hôtel vide, enfin, l'énergie du film, le sens même de toute cette effervescence, se révèle, s'illumine. Ces femmes magnifiques qui comprennent et partagent la solitude de l'homme qui se voulait providentiel et se voit comme il est: vraiment paumé, un peu minable, pas complètement assumé.
Mathieu Amalric c'est un peu notre Maïwenn au masculin: il adore se mettre en scène, diriger son film comme un bal foutraque, faire durer, durer le temps jusqu'à ce qu'interviennent des scènes magnifiques, comme ça, sans crier gare, je n'en citerais qu'une: toutes ces femmes qui accourent et se jettent sur la pizza fraîchement livrée: moment intense des coulisses de ce monde burlesque où l’excitation joyeuse et enfantine est à son comble.
Magiciennes de la scène, pétillantes et pleines d'autodérision, ces filles, bien dirigées par Amalric, livrent une belle prestation et entourent de tout leur sens de l'humour exacerbé ce jeune type qui se perd à Paris pour se retrouver un peu dans les quatre coins de la France.
Le film prend tout son sens quand il se recentre sur l'éblouissante Mimi Lemaux et ses kiwis, ses faux cils, son rouge à lèvre son mal être de la vie qui explose en merveille sur scène.
Le film met alors en scène un homme qui voudrait épater sa vie et se retrouve toujours face au miroir qui lui renvoi ses galères et ses erreurs mais surtout il nous montre des femmes fières, libres aussi et ça c'est épatant, ce regard, dès qu'elles apparaissent le film respire et Amalric ne réussit jamais mieux que face à une femme (la station service, l’hôtel, le supermarché). D'ailleurs la totalité des hommes de ce film sont impuissants (l'homme des toilettes de l’hôtel, Ulysse et Zang lui-même), les femmes prennent complètement le pouvoir ... Seuls les enfants, les fils tentent finalement de s'affirmer un peu mais loin de comprendre l'enjeu de toutes ces effeuilleuses, ils ne sont qu'une idée de l'avenir dénué de la nostalgie que ressent leur père.
C'est un homme qui brille quant il est entouré et qu'enfin la danse du bal se déroule autour de lui tel Maïwenn quand elle se penchait enfin sur ses actrices et abandonnait sa propre histoire, Amalric n'est jamais plus juste que quant il cherche à faire briller les femmes du show qu'il filme comme il se borne à vouloir baisser la musique pour enfin s'entendre et lancer, toujours, le show ! Dommage que le film se termine là où j'aurais (presque) voulu qu'il commence...