Je ne me souviens plus trop, mais ça doit être bien sympathique d’être un très jeune spectateur.
Quand une caméra file à toute allure en point de vue subjectif pour traverser la ville de part en part et chercher les différents personnages à venir, tu dois trouver que ça claque, et que s’ils le font 6 fois de suite, c’est pour un résultat qui claque de chez claque.


Tu ris quand le gros taureau pète, tu trouves méchants les ours à l’accent russe, marrant le cochon trop gros, touchant le gorille en perfecto sous lequel bat un petit cœur tout bleu et une voix d’ange, méchant son papa gangster qui refuse de reconnaitre son talent. Tu te dis que le souris blanche elle est un peu méchante mais qu’elle assure quand même, et tu es rassuré de voir qu’elle va tirer des leçons de la grande aventure de la vie.
Tu t’émerveilles des chorégraphies et des mouvements, en te disant que dans les films, ce qui est génial, c’est que ça marche toujours trop bien, et que quand on branche un fil à un bout de l’histoire, un caméléon borgne se retrouve avec un sandwich éclaté sur la face à l’autre ; bien vu !
Tu te sens compris quand l’éléphante elle ose pas chanter alors que nous, on sait à quel point elle a une voix incroyable (même si c’est bizarre, pendant cette scène papa mangeait l’accoudoir en se bouchant les oreilles, tu n’as pas compris).


Tu vrombis quand la jeune rockeuse elle prouve à tous sa rébellion en envoyant des pics, et tant pis pour son boyfriend qui lui non plus peut pas la comprendre, et qui devra attendre d’avoir des yeux grands comme ça en voyant son succès à la télé.


Tu te décourages, à cause des banques, des catastrophes naturelles, des ours et des gorilles, et tu apprends qu’à force de persévérance, de la magie de la musique, de l’amitié qui fait qu’on oublie qu’on était venus pour l’argent, la vie est un gigantesque spectacle pyrotechnique et que le succès advient à ceux qui le méritent. Et eux, ils le méritent, puisque tu les vois le convoiter depuis 1h45.


Alors tu es content.


Tu as remarqué de temps à autre que tes parents vous regardaient pendant la séance, parce que tu riais assez fort avec ton frère. Ensuite, vous leur raconterez les moments que vous avez préférés.
Ils sont un peu bizarres, les parents. Tu as remarqué que de temps à autre, ils regardaient ailleurs, et quand on leur demande ce qu’ils en pensent, ils répondent par des questions. À croire que pour eux, le spectacle, c’est nous devant un film.


Ils sont bizarres.


Mais bon, c’est normal, hein, c’est des parents.

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le 18 févr. 2017

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Sergent_Pepper

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