Plus rien ne semble arrêter le studio d’animation Illumination Entertainement depuis le succès des Minions. Et pour cause, après avoir livré au public un projet original avec Comme des bêtes, il revient quelques mois après avec Tous en scène (suivi de près par Moi, moche et méchant 3). Un tout nouveau long-métrage qui cartonne de l’autre côté de l’Atlantique (10e au classement de l’année 2016 – étant sorti là-bas en décembre dernier – avec plus de 270 millions de dollars). Mais à l’instar de Comme des bêtes qui reprenait le synopsis de Toy Story en remplaçant les jouets par nos amis à quatre pattes, Tous en scène surfe sur le récent succès de Zootopie (le fait d’avoir des animaux anthropomorphes) et en rajoutant à l’ensemble une dose de La nouvelle star (ou The Voice… au choix !). Un mariage pour le moins étrange qui pourra sans doute plaire aux plus jeunes. Par contre, pour un public averti, l’entreprise témoignait sur le papier d’un certain manque de génie. Et si, lors du visionnage, la première impression reste la bonne, la surprise est également au rendez-vous pour sauver les meubles.
Autant le dire tout de suite : pour un adulte, la première partie de Tous en scène est plutôt difficile à encaisser. En effet, à aucun moment le film ne dévoile une once d’intérêt, entre un sérieux manque d’humour (les seuls gags présents sont trop faciles et parfois limites, comme un buffle pétant par stress) et un scénario qui ne décolle pratiquement pas. Ce dernier se sert même d’une multitude de personnages afin d’exposer à la face du monde sa playlist qui a dû coûter cher en termes de droits d’auteur (j’y reviendrai plus tard). Pourtant, les différentes intrigues sont des plus variées :
- un koala, mauvais producteur et vivant dans ses rêves, ambitieux de monter ce qu’il considère comme le meilleur spectacle de chants
- une truie, mère d’une famille nombreuse, ayant besoin de s’émanciper afin de fuir l’ennui et les difficultés d’une vie de femme au foyer
- une éléphante timide au possible devant s’affirmer sur scène
- une souris crooner égocentrique et prétentieuse qui s’est mit à dos quelques truands
- un gorille devant reprendre malgré lui les affaires criminelles de son père
- une porc-épic ado voulant délaisser son petit copain musicalement parlant pour faire dans le solo, et qui se fait plaqué par ce dernier
Vous l’aurez compris, le script de Tous en scène se veut riche en intrigues, qu’il parvient d’ailleurs à équilibrer convenablement. Mais il n’y a suffisamment pas de matière ni d’originalité pour captiver l’assistance. D’autant plus que les réalisateurs ont choisi le parti de ne pas jouer avec les caractéristiques de chaque espèce animale. Une décision tout à fait respectable mais qui s’avère anecdotique, surtout pour un long-métrage qui avait besoin d’un brin de cartoon et de protagonistes attachants pour au moins attiser la curiosité des plus vieux.
Mais alors qu’on attend paisiblement le générique de fin pointer le bout de son nez, Tous en scène trouve enfin le bon tempo à mi-parcours et finit en apothéose. Sur le plan musical en premier lieu, étant donné que le film propose une incroyable variété de chansons, ne se cantonnant jamais à une période ou un genre précis (comme le font toutes les comédies chantées de nos jours). Ainsi, sans dévoiler toute la playlist – car il faudrait une page entière pour le faire –, vous aurez droit à :
- Stay With Me de Sam Smith
- Shake It Off de Taylor Swift
- True Colors de Cyndi Lauper
- I’m Still Standing d’Elton John
- Ride Like The Wind de Christopher Cross
- My Way de Frank Sinatra
Une liste certes onéreuse, qui pourrait expliquer que le budget du film est passé là-dedans et moins sur le reste (l’animation n’est pas des plus fameuses pour ce genre de production), mais étant au service d’un plaisir musical de haute volée. Tout ce qu’il faut pour voir à quel point les doubleurs originaux s’amusent comme des petits fous et s’en donnent à cœur joie (préférez donc la VO, la VF étant tout simplement infecte). Et puis, c’est diablement jouissif d’avoir une Scarlett Johansson nous faire une chanson inédite, ou encore un Seth MacFarlane en mode crooner ! Et en second lieu, Tous en scène voit ses diverses intrigues gagner en épaisseur grâce à un élément déclencheur du scénario. Les personnages deviennent en un claquement de doigts diablement attachants et parviennent même à nous émouvoir sur les dernières minutes grâce à des dénouements simples mais efficaces. Ce qui, pour le coup, offre bien plus d’ampleur à ce que l’on considérait comme bateau dans la première partie. Car ses intrigues manquant à première vue d’originalité, vécues par des animaux pas si animaux que ça, ne sont en réalité que des histoires de la vie de tous les jours. Un reflet de notre quotidien, s’adressant à la majorité d’entre nous pour livrer qu’une seule chose via la musique : le bonheur. Et malgré des morales un peu niaises, on ressort du visionnage avec le sourire aux lèvres et le cœur allégé.
Dans sa première partie, le film démarrait sur des bases à la fois douteuses et peu innovantes, ce qui montrait à quel point le studio Illumination Entertainment se reposait sur ses lauriers. Une remarque qui s’applique à Comme des bêtes mais qui n’est plus d’actualité avec Tous en scène, sauvé pour le coup par une seconde moitié beaucoup plus captivante et mieux écrite. Sans compter que, grâce à sa diversité musicale, le long-métrage parvient à assurer le show ne serait-ce qu’un minimum au point de nous inciter à se relancer dans son visionnage juste pour le plaisir. Au final, une bonne petite surprise, simple et efficace.