Trop d'ambitions pour trop de personnages

Le studio Illumination est un studio qui a toujours occupé une place à part dans le milieu de l'animation. C'est un studio née du succès d'un film et qui, depuis, essaye tant bien que mal de produire des films d'animations qui peut dissocier le studio du film qui l'a fait connaitre: Moi moche et méchant. Il y a bien eut la saga Comme des Bête qui a su avoir un petit succès au point d'avoir une suite , mais aussi et surtout, le film Tous en scène. Sorti à la même période que La la land et Rogue One, le film a réussit tout de même à être un véritable succès populaire, et on comprends mieux pourquoi en voyant le film. C'est un film traitant de la vie d'artiste et du fait de croire en ces rêves. C'est une bouffé d'air frais qui arrive à parler d'un milieu sans trop de difficulté avec une rigueur d'exécution et une certaines originalités qui permettait de combler un traitement parfois simple de la vie d'artiste. On pouvait donc être intrigué par l'arrivé d'un deuxième film qui, dès ses premières images, donnait l'impression de vouloir prendre un tournant plus mature et plus sérieuses. Pour quel résultat ? C'est pas tout à fait ça.

C'est pas tout à fait ça car d'une part l'animation n'arrive pas à capter l'attention. Oui le film est très beau mais dans son travail même de l'image, le film est fade sans réellement. On a bien des scènes qui relèvent un peu le niveau notamment une scène dans un bureau avec des lumières rouges qui avaient de bonnes idées, la scène d'intro à la Alice aux pays des merveilles, ou même la scène de la salle de bain avec beaucoup de buées et Rosita qui pleure à côté de la baignoire qu'on voyait déjà dans les trailers (et qui ne dure que 5 secondes à peine), mais globalement le film est ultra décevant en terme de photographie et en terme d'idées visuelles. Tout est trop lisse, trop "parfait" dans un univers qui, on le verra plus tard, a ses imperfections, ses impureté qui font le charme et le potentiel d'un film mal exploité. Enfin le soucis majeur de la réalisation reste le doublage français qui est parfois à jeter. Sur les personnages principaux il y a rien à redire, mais quand il s'agit d'aller vers des personnages plus secondaires, on tombe parfois dans ce que le doublage francophone peut faire de pire. Avec un méchant qui n'arrive pas à être pris au sérieux avec un jeu en roue libre et une superstar MacGuffin dans la même galère en terme d'acting, le film devient très vite cheep et bâclé qui massacre un film qui, dans son écriture est très boitant.

Le problème principal du film était de succéder à un premier film très efficace dans son propos et sans trop de fausse note qui pousse à aller chercher des thématiques nouvelles afin de renouveler la licence. On se retrouve avec le problème que rencontrent les personnages: la nécessité de faire mieux et d'aller plus loin dans leurs rêves. Pour cela on essaye de manière assez maligne d'évoquer les côtés sombre du star-système, la pression que l'on peut avoir lorsque l'on se rend compte que l'on atteint nos limites, la cruauté d'un système qui récompense pas toujours les plus méritant, et l'art perverti par l'envi d'argent. Cependant le film se confronte à deux problèmes. Le premier est que le public jeune d'illumination a été bercé trop près du mur par des films qui mettent en scène des oreilles de Simpson qui ont pris vie et qui ont des blagues s'adressant à un public de 3 à 7 ans. De ce fait on ressent une crainte lorsqu'il faut faire des scènes plus osées allant cherchant des références plus matures (la scène du bureau rouge), et de tout édulcoré, créant un contraste pas très glorieux entre des graphismes fort comme un personnage en train de pleurer dans une salle de bain, et une écriture qui se restreint et se veut assez gentillet. Enfin le soucis principale du film est qu'en plus de vouloir tout traiter de manière consensuelle pour pas perdre un jeune public assez naïf, le film accumule les sous-scénarios et se perd dans son récit. Là où le premier film arrivait de manière efficace à nous présenter des personnages que l'on connaissait pas et de les rendre attachant tout en t'impliquant émotionnellement dans leurs combats (malgré que certains personnages auraient pu être plus développés), ici nous avons un film avec des personnages que l'on connait qui n'arrive pas à nous impliquer émotionnellement aux soucis de personnages que l'on connait déjà. Le tout est accentué par un montage qui est beaucoup trop rapide, qui ne laisse pas respirer, et qui ne prend pas le temps de bien développer ses personnages et ses situations. On a Johnny qui s'en tire le mieux avec son parcours pour apprendre à danser, mais sinon Buster Moon est absent du centre d'intérêt du film tant ses problèmes avec le producteur n'ont pas le temps de nous impliquer plus que ses problèmes d'argent dans le premier film. Greg Galloway a beau avoir une backstory qui a l'air intéressante et mature mais tout étant passé à la moulinette "d'il faut que ce soit pour gosse" que l'on s'attarde pas tant sur lui et qu'à peine 3 scènes après son arrivé dans la troupe il est déjà en train de faire des checks et des encouragements comme un personnage lambda. Meena et son problème de courage vis-à-vis de son partenaire charismatique est à peine traité et est résolu en deux scènes, et Rosita est le pire cas car, même si le personnage de la fille du producteur est assez mis en avant, on n'a littéralement aucune scène sur le développement de personnage de Rosita et de son problème de confiance en elle qui, littéralement, va trouver son développement et la solution à son problème le temps d'une scène à la fin du film avant d'être totalement mis sur le banc de touche. Le film est bourré de bonnes intentions mais ne va jamais au bout des choses, si bien que l'on perd en propos vis-à-vis du premier film. Dans le premier film on avait la notion de réaliser notre rêve en étant fauché et en étant plus bas que terre, apprenant à réaliser notre rêve avec littéralement tout ce qu'on a afin de faire un rêve à notre échelle qui, par la force de la volonté, pourra toujours être comprise car étant fait avec passion. Ici nous avons un groupe a déjà la célébrité mais qui veut plus. Dans ce genre de cas on inviterait à questionner ce que le succès a crée et comment progresser en reprenant une manière de pensé plus simple... mais c'est finalement tout l'inverse. On pousse toujours vers le plus plus plus, un peu à la manière qu'a de penser le producteur. Toujours plus de vannes, ce qui va rendre des personnages plutôt raisonnable en humour comme Günther affreusement irritable par moment, toujours plus de modernité allant parfois vers de la modernité allant au détriment du côté familiale du film pour aller vers un film purement jeunesse et pas très intéressant, toujours plus, toujours plus... et à un moment ça déborde. On en oublie de développer les personnages, on en oublie d'évoluer le ton du film qui reste le même entre le premier et le second film, et on faire des chansons et des interprétations intéressantes. Mise à part la chanson I'm Still asen't found what I looking for, il n'y a pas beaucoup de bons moments musicaux comme pour le premier film. Il y a bien le final de la scène musical de Johnny qui avait de l'idée dans son retournement de situation, mais cela reste tout de même insuffisant vis-à-vis de ce qu'on a pu voir dans le film ou dans la saga. Alors oui, évidemment le film a ses originalités comme par exemple la fin du personnage de la fille du producteur qui arrive à avoir une fin original et en contraste qui laisse poser des questions, mais cela relève plus de la chance et du hasard plus qu'à une écriture pensé et réfléchit.

Parce que tout est fait à la dernière minute, le film tombe dans tous les pièges qu'il fallait éviter, offrant par moment des possibilités de rédemption sans trop de remise en question à des personnages qui ne le méritent pas vraiment (voir spoiler), et entachant son message d'une hypocrisie mal venu. Cela veut critiquer le système hollywoodien mais cela reste consensuelle pour ne pas déranger ce même système et proposer un film qui aurait pu être innovant mais finit par être décevant face à un premier volet qui s'était, sans doute, moins éparpillé.

9,75/20

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