Âme d'enfant : le retour

J'ai toujours eu la passion des dessins animés, au point qu'aujourd'hui mon rêve est de travailler dans ce domaine.
Cependant, j'ai grandis, et les dessins animés n'ont plus tout à fait la même saveur qu'avant. Les moments d'émerveillement, absorbé par l'histoire et des visuels magnifiques, ont été souvent remplacés par des moments d'analyse : est-ce que la texture fait "vrai" ? Le choix de la 3D est-il pertinent ? À quoi ressemblait le storyboard ? Quelles sont les inspirations visuelles du film ? Comment caler la musique ?

Alors, le dessin animé était devenu un sujet de passion, mais aussi de longues analyses techniques, et j'en avais presque oublié cet émerveillement si caractéristique de ce genre de films.

J'avais presque oublié, jusqu'à hier.

Tous en scène 2 est à Tous en scène ce que Shrek 2 est à Shrek : une version très améliorée d'une base qui était déjà géniale. Les personnages sont toujours aussi attachants, l'animation aussi léchée... sauf que là, il y a quelque chose en plus : ça fait rêver, putain. Que ce soit les décors de la métropole, la salle de spectacle, ou même le parking où Johnny répète avec la danseuse de rue, on croit fort à cet univers et on s'y attache. Je me souviens qu'à la scène où l'on voit l'hôtel pour la première fois, j'ai dit "ouah" à voix haute en même temps que plusieurs autres personnes dans la salle.
Alors on croît plus que tout à ce show, aux rêves de grandeur de la petite troupe de Buster Moon, et on rêve avec eux.

Et quand leurs rêves sont stoppés, on a mal avec eux. Je pense que beaucoup ne s'attendaient pas à la présence d'un méchant aussi méchant que Crystal, un vrai grand méchant loup pour qui même les adultes se disent "je n'aimerais vraiment pas le rencontrer" (contrairement à beaucoup de méchants de dessin animé aujourd'hui), et qui pourtant est écrit de manière subtile, en ne laissant d'abord transparaître qu'un producteur qui veut aider de jeunes talents.
Ce méchant est la preuve de l'écriture subtile du film : parlant aux enfants et aux adultes, il aborde des sujets aussi durs que le deuil, les menaces de mort, les producteurs qui forcent à dénaturer une œuvre, de manière toujours sincère et sans jamais tomber dans le voyeurisme, et sans jamais briser la magie qui fait tout l'univers du film.

Au fond, le seul gros défaut du film est la voix de Callagan quand il chante qui est trop différente de sa voix parlée (en VF).

Parce que sinon, ce film m'a rendu quelque chose d'inestimable, que j'avais presque perdu : mon âme d'enfant.
Alors, il est dur pour moi de juger un tel film. Mais je peux tout de même, pour conclure, vous citer une phrase de Buster Moon (qui est en train de devenir l'une de mes icônes préférées du dessin animé) :

"Faites de grands et magnifiques rêves."

Faites de grands et magnifiques films, comme celui-là.