Laisse moi être ton infirmier-e

C'est compliqué de parler de ce film. Je pourrai dire que ce n'est que du divertissement, que c'est un film à rangé dans la case "teen movie Netflix oubliable", et donc "qu'est-ce qu'on en a à foutre ?" me diriez-vous. Je savais que ce film n'allait pas me plaire rien qu'en regardant la bande annonce, mais... J'ai trouvé ça intéressant... pas d'un point de vue cinématographique EVIDEMMENT, pourquoi j'ai besoin de le préciser ? Plus d'un point de vue global.

Le synopsis : deux adolescents suicidaires se rencontrent et réapprennent à aimer la vie.
J'aimerai le rectifier un petit peu : un adolescent suicidaire joue les héros avec une minette traumatisée par la mort de sa soeur, parce que quand on est au fond du trou le mieux que l'on puisse faire c'est de prétendre aider une personne pour gagner un peu d'estime pour soi.

Le 17 avril au soir, je me motive pour finir ce film que j'avais commencer quelques jours plus tôt. J'en étais à dix minutes... Bon ça va être long, d'autant que ce schéma narratif, on l'a vu vraiment beaucoup de fois. Et ça commence à me saouler d'ailleurs, parce que ça a toujours le-a même message/morale/conclusion/thème à la noix, qui ne me paraît pas si beau-lle que ça.
Une même recette pour plusieurs films adaptés de livres (de divertissement ?), des mélodrames ou des feel-good movies. Je vous les donne en mille : Nos étoiles contraires, La face cachée de Margo, Avant toi... Il y en a bien d'autres, mes ceux-là se ressemblent beaucoup, tant par leur esthétique lisse et sans saveur, que par leur démarche quant aux sujets qu'ils traitent. Mais soit, j'assume que je suis en train de regarder un film à l'esthétique peu originale, car apparement le plus important c'est l'histoire, et je respecte le choix du réalisateur.

Les minutes passent et toutes mes craintes se confirment. Les deux personnages sont deux clichés sur pattes, ce qui fait que j'ai beaucoup de mal à avoir de l'empathie pour eux. À la limite, j'en aurai toujours plus pour Violet, en ce qui concerne Finch, il passe son temps à insister pour "ouvrir les yeux" de cette fille qui ne lui a rien demandé, parce qu'elle ne se rend pas compte de tout son potentiel dans ce monde si beau... Il insiste H24 le bougre, et ce que le film fait passer pour des actes romantiques ressemblent en réalité plus à un mélange du syndrome de l'infirmier et du trouble de la personnalité narcissique. C'est simple, Finch est le meneur de leurs aventures, qui plus est pas le moins du monde palpitantes, et même si elle ne se montre pas du tout réceptive à ses propositions, on sait qu'elle acceptera. Un peu d'ironie, une pic, un compliment et un peu de forcing marche toujours. Si en plus de ça, on rajoute un regard à la Kaa du Livre de la Jungle, c'est le succès assuré.

Aie confiaaannnccce, crois en mooooiiii...

Ce n'est pas comme si ton avis comptait de toute façon Violet.

Et au bout d'un moment, autre chose attire mon attention. Le film commence à aborder certains sujets de manière plus intéressante. La difficulté de vivre avec des troubles psy, la sensation d'impuissance que l'entourage peut parfois ressentir. Je ne dirai pas que c'est traité de manière très juste, mais ça apporte un peu de sérieux dans un film qui jusqu'à maintenant était complètement à l'Ouest en ce qui concerne le sujet de la dépression et du suicide.
Et d'un coup, sans prévenir, le film tombe dans un discours complètement opposé à ce qu'il nous a fait bouffer pendant plus d'une heure. Et à vrai dire, je me demande pourquoi suis-je étonnée par cela alors que l'histoire et les personnages n'ont aucune construction logique. Ils peuvent se contredire sans problème, parce que l'auteur de cette histoire a juste fait un copier/coller d'histoires à succès. Du coup, est-ce que l'on peut appeler ça un "auteur" ?

Alors qu'est-ce que je dois comprendre avec cette histoire pleine de contradictions ?
Et bah que le cinéma de divertissement comme l'on aime l'appeler, ce n'est pas à la portée de n'importe quel nigaud.

Parce que si vous pensez regarder un film sur les troubles psy, vous vous trompez, ce film n'a pour objectif que de remplir le quota de films d'amour pour ado de 2020. Le sujet sensible du suicide n'est là que pour servir de rebondissement dramatique à leur romance, et comment dire... c'est mal venue.
Surtout que la dédicace au début du générique

Ce film est dédié à ceux qui ont connu des troubles de la santé mentale

sonne très fausse, étant donnée que le film ne développe pas les sujets qu'il aborde. L'absence de sens s'explique par la démarche des auteurs qui n'ont pas vraiment de choses à dire, l'objectif étant de faire une histoire qui serait capable d'accrocher le spectateur pendant plus d'une heure et demi. Mais, OH surprise, même sur ça ils échouent. Donc si en plus ils font passer des messages douteux du type "hey, le syndrome de l'infirmier-e c'est trop cool et romantique", il serait temps de se poser de sérieuses questions.

L'excuse du film divertissant pour les jeunes ne marche pas, à aucun moment. Divertissement ne veut pas dire piètre qualité. Et surtout, ce n'est pas un joker pour dire absolument n'importe quoi en faisant passer cela pour quelque chose de magnifique. Donc pour ma part, je vais chasser Tous nos jours parfaits de ma tête, mais si un jour je cherche un doc regroupant tout ce qu'il ne faut pas faire au cinéma, il sera sur Netflix.