D'abord réticent à regarder ce film, je m'attendais à une histoire comme on en voit tant d'autres avec un parcours initiatique classique:
La déchéance familiale (le déshonneur), la quête de sens de l'existence de Sacha, l'histoire d'amour qui dans dans la recherche de son grand-père renforce les liens entre Sacha et son amant, le triomphe avec une happy end où le tsar reconnait la valeur de la famille de Sacha et où ils eurent beaucoup d'enfants.
SPOIL
Mais non très loin de là on est emmené dans un schémas d'abord classique qui correspond à la quête de sens tel que décrit plus tôt. Elle est déchue par sa famille, s'enfuie pour tenter de retrouver le Davaï et retracer les pas de son grand père, mais loin d'être aussi facile elle traverse des épreuves inattendues qui vont lui apprendre la vie, elle trouve finalement moyen de monter sur un bateau a la recherche du Davaï perdu mais ne s'intègre pas vraiment malgré ses efforts,
Petit à petit on comprend que les choses ne vont pas prendre une tournure classique, l'histoire d'amour qui aurait pu être exploité ne l'est pas, la fin avec le retour en Russie n'est même pas montrée donc on ne fait qu'imager la réaction de la famille de Sacha auréolée de gloire suite à la découverte du Davaï.
Les personnages :
Sacha prend sur elle à tout instant assumant la critique et faisant face la tête haute et le regard tourné vers l'avenir elle constitue le personnage principale (c'est nous), surtout avec son jeune âge.
Olga est comme la mère bienveillante qui fait apprendre Sacha par l'expérience et les échecs, qui forge la persévérance dont Sacha aura besoin lors de son voyage, elle incarne une figure douce et rassurante.
Le capitaine qui lui déborde de charisme et qui pour tenir son équipage fera figure d'autorité même dans les instants les plus sombres, il protégera et assurera l'unité dans le groupe, c'est le personnage le plus solide.
Le second que l'on croit perfide et qui se montrera plus que digne, cachant en lui l'étoffe virile et droit d'un marin honnête.
Le commis aux cuisines qui nous apporte la tendresse, l'innocence et la romance presque maladroite d'un jeune homme ambitieux.
Le chien qui transcende son personnage à la fin du film lorsque Sacha renoue avec son passé et retrouve le carnet de son grand-père qui lui était destiné, perdu au pôle Nord seul à côté d'une statue immuable de son grand-père glacée.
Le dessin est simple les traits sont fins et sont abordable pour un large public, le travail sur la forme des visages est précis et la formes des yeux de personnages compte beaucoup car il donne une idée de la personnalité de celui-ci, les visages des deux capitaines (le grand-père et celui de l'histoire) rappellent fortement à Corto Maltese et son tempérament, ce qui n'est pas pour me déplaire.
Les musiques, elles soulignent le tout et donne du relief à l'ensemble.
Bien sur il y a quelques instants prévisibles et raccourcis qui sont un peu faciles mais dans l'ensemble l'oeuvre est perfectionnée autant d'un point de vue graphique (et chromatique) que scénaristique.
Ce film m'a transporté viscéralement dans son univers poétique et mélancolique il allie la lenteur des mouvements de la banquise et les tumultes d'une mer sous un blizzard mordant, les couleurs sont particulièrement puissantes elles irradient et mettent en valeur des instants précieux et renforcent l'atmosphère solennel et émouvant. Le bleu glace des océans, le blanc de la banquise, le jaune lumineux qui n'est pas sans rappeler les cheveux de Sacha et sa personnalité forte et rayonnante. Ces couleurs vont sublimer l'œuvre, particulièrement les faisceaux de lumière qui percent le ciel pour plonger en mer suite à un océan déchaîné, ou bien sur le haut d'un iceberg qui met en évidence l'espoir dans une situation critique.
Ce film d'une grande richesse est une surprise autant pour le cœur que pour les yeux et la tête, je suis heureux d'ouvrir ma première critique avec, même si je n'ai pas trouvé beaucoup de critiques négatives à son sujet tellement il m'a ému.