Après avoir travaillé sur les très réussis Le Tableau, Brendan et le secret de Kells, Kerity la maison des contes, Rémi Chayé réalise son premier long métrage. Jules Verne aurait pu écrire cette histoire : à la fin du XIXe siècle une jeune aristocrate russe se lance aux secours de son grand-père, explorateur perdu en mer. Elle parvient à convaincre l’équipage d’un brick de partir à sa recherche, bien aidée par la forte prime offerte par le Tzar.
L’image est surprenante. L’esquisse originale est réaliste, ne caricaturant que quelques seconds rôles. Un travail entièrement numérique livre un dessin très épuré, effaçant les traits de contours et de nombreux détails pour livrer des aplats de couleurs à la beauté surprenante, qui collent parfaitement à la nudité de l'hiver arctique. Le groupe Syd Matters signe une bande son d’une rare qualité, qui aide le spectateur à partir en voyage.
Sacha est une véritable jeune fille de quinze ans, qui tranche avec les adolescentes surdouées du cinéma américain. Il lui faut du temps pour se faire au dur métier de serveuse, puis des semaines pour être adoptée par les rudes marins. Le scénario bannit toute forme de manichéisme, si j’excepte le conseiller de l’empereur. L’équipage confronté à la peur et la faim se retourne contre Sacha. Sans magie ni incursion dans le fantastique, cette dernière parvient à sauver son petit monde, sans pour autant épouser le gentil mousse, comme tant d'héroïnes dysnéennes. Précipitez vous !