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Résumé

Emile, atteint d'un Alzheimer précoce, lui laissant au plus un an à vivre, décide de partir pour un "ultime voyage". Il poste alors une annonce sur un forum, à laquelle Joanne, une jeune femme mystérieuse, répond. Ils partent alors tous les deux en van dans les Pyrénées.


Avis

J'ai réellement été déçue de ce film. La douceur, la légèreté, le réalisme des liens et les émotions du livre ne sont pas là. Scénaristiquement, plusieurs points m'ont dérangée, en comparaison au roman.


Emile, déjà et surtout, qui m'a paru être un gros lourdeau beauf alcoolique. Il n'était pas ce garçon perdu et maladroit, presque innocent que retranscrivaient les mots de Mélissa Da Costa. Emile du roman n'aurait jamais dit, de façon nonchalente et désinvolte "de toute façon, tu souris jamais" ou "tu fais comme tu veux, moi j'y vais". Dès le début, et malgré son silence, dans le livre, Emile prend le temps avec Joanne et essaie de la comprendre. Il la respecte, elle et ses mystères, baignés dans son mutisme. C'est d'ailleurs tout le charme du livre : les personnages apprennent à se comprendre. C'est bien parce-que Emile est ouvert au fait que Joanne puisse lui apprendre sa vision de la vie que le roman est si riche en émotions. Au fur et à mesure des lignes, et à travers les yeux d'Emile; on découvre une Joanne bourrée de poésie, de sensibilité, de douceur. Le Emile du film n'a pas été aussi réceptif, aussi éveillé et aussi ouvert d'esprit que celui du roman. Je ne l'ai pas senti grandir parce-qu'il donnait la sensation, dès les premières images et les premiers dialogues, qu'il était trop têtu, trop rustre et trop fermé à cela. Le personnage d'Emile n'a donc pas évolué et en même temps, il n'a pas été écrit pour le faire.


Les dialogues entre les personnages, discussions fluides qui donnent leurs couleurs au roman. Le genre de conversation qui fait qu'à la fin, on finit par connaître quelqu'un. Le film en est exempté et c'est bien dommage, c'est pourtant ce qui a construit leur relation, au fur et à mesure du voyage. C'est ce qui a fait grandir Emile, c'est ce qui a soigné le deuil de Joanne. C'est ce qui leur a permis de lire l'un en l'autre. Joanne qui apprend à Emile la pleine conscience et la méditation permet à ce dernier de voir et ressentir le monde autour de lui différemment. Emile qui promet à Joanne de prendre soin de son petit Tom est une promesse d'amour. Ces moments, pourtant centraux dans le roman se sont évaporés dans le films. On n'en retrouve qu'une brume.


Les lettres d'Emile, qui tout au long du roman décrivaient les pensées du personnage, reflétant sa progression initiatique. Aux portes de sa mort, Emile finit par se trouver. C'est par ces lettres qu'on le voit observer, qu'on le sent grandir et cheminer. Il décrit les paysages qu'il parcourt, sa relation avec Joanne, ses émotions, ses réflexions, ses apprentissages, ses souvenirs passés. Ces lettres retranscrivent ce qu'il est et ce qu'il devient. Dans le film, elles ne sont qu'un support pour que Joanne finisse par appeler la mère et la soeur d'Emile.


Les autres personnages ne sont pas assez exploités ou du moins, pas assez bien. Chloé presque autant de temps d'écran que Myrtille alors que cette dernière les a cotoyés pendant quatre mois contre 2 jours pour Chloé. Une des choses qui manquent à ce récit initiatique est la trace que laissent les gens. Les rencontres humaines de Joanne et Emile, dans le roman, sont si riches et si précieuses à la fois. Elles se nourrissent en conversations moments passés ensemble. Elles se transforment en souvenirs, imprimés dans le cœur et dans la tête. Le film retranscrit presque tous les personnages qui ne sont pas Emile ou Joanne comme embêtants, enquiquinants, et globalement chiants, à l'instar d'Isabelle ou Sébastien, qui ne sont pas autant antipathiques et bêtes dans le roman. Marjorie, qui est une personne pourtant centrale dans la vie d'Emile, n'est jamais apparue à travers les mots de ce dernier (notamment à cause des problèmes énoncés plus haut.)


Et c'est bien là le souci global du film : le manque de profondeur et de complexité des personnages et la pauvreté des dialogues font qu'ils grandissent moins, en apprennent moins les uns des autres et que les émotions qui en découlent sont moins réalistes, moins fortes et moins humaines.



malakool
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il y a 4 jours

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