Pont de rupture
Sur leur navire, Jean et Isabelle se sont créés leur propre monde. Ce couple de Français, flanqué de Damien, le fils d’Isabelle, a largué les amarres à Toulon pour un tour du monde sans fin - un rêve...
le 4 juil. 2023
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La rencontre entre l’immensité ouverte de la mer et l’espace d’un bateau, restreint à l’extrême et plus clos que s’il était ceint de hauts murs, fonctionne comme un épicentre attractif auprès de nombreux réalisateurs, parmi lesquels les plus grands : René Clément et son intense Plein Soleil (1960) ; Roman Polanski suivra avec, d’emblée, son coup de maître, Le Couteau dans l’eau (1963). D’autres œuvres encore s’embarqueront sur le sujet, sans nécessairement installer la même tension à bord, parmi lesquelles En solitaire (2013), de Christophe Offenstein, ou encore Styx (2018), de Wolfgang Fischer, pour ne citer qu’elles.
Rien d’étonnant à ce que Guillaume Bonnier, lui-même navigateur et ayant vécu l’expérience de longer nuitamment les côtes somaliennes, tous feux éteints, ait eu envie de s’emparer du sujet pour son premier long-métrage, tout en le rattachant au phénomène de la piraterie. Sont ainsi posés Isabelle (Daphné Patakia) et Jean (Pierre Lottin), accompagnés du très jeune fils d’Isabelle, Damien (Thibault Dierickx). Couple de Français en rupture avec leurs origines, embarqués à bord du voilier de Jean pour un périple aussi long que possible. Atteignant Djibouti, ils prennent à bord Mike (Abdirisak Mohamed), sur l’initiative de Jean et contre l’avis d’Isabelle. Un deuxième homme, quoique inconnu, sera bienvenu, affirme-t-il, pour assurer la traversée du périlleux Golfe d’Aden.
À la manière de Snow Therapy (2014) de Ruben Östlund, face à l’épreuve d’une avalanche, le couple verra ses failles et points de fragilité révélés par cette traversée, et le personnage éponyme pourra déployer toute l’ambiguïté de sa personnalité, forgée par la complexité de son histoire. On sera aussi témoin d’une belle composition de l’acteur Saïd Helak, en chef des pirates.
Le sujet était riche et prometteur. On regrette toutefois que David Grinberg, à l’image, n’exploite pas mieux le formidable motif de la mer et que le filmage assez pauvre ne parvienne que moyennement à capter toute l’intensité qui pourrait animer une pareille aventure.
Critique également disponible sur Le Mag du Ciné : https://www.lemagducine.fr/cinema/critiques-films/tout-le-monde-m-appelle-mike-film-guillaume-bonnier-avis-10061173/
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Films où il est question de la paternité, frontalement ou latéralement. et Films dans lesquels l'eau joue le rôle d'un protagoniste
Créée
le 5 juil. 2023
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