"C'est Jack Nicholson, Diane Keaton, Keanu Reeves, Amanda Peet, Frances Macdormand et Paul Michael Glaser qui jouent dans un film et ..."
Oui cela ressemble au début d'une mauvaise blague et pourtant vous ne rêvez pas, vous êtes bien devant la nouvelle comédie romantique de Nancy Meyers. C'est à dire qu'au contraire d'une mauvaise blague, vous rirez effectivement au visage de la personne qui outrage vos zygomatiques mais ici, sans compassion pour elle.
Nous sommes en 2004 et Nancy s'évertue à nous raconter la même histoire depuis 10 ans, à savoir qu'être un macho patenté sans aucune compassion pour les femmes vous rapportera 20-30 ans de succès certes mais vous laissera à l'aube de la vie, triste, ridé, con et seul. En soi si l'idée n'est pas dénuée d'intérêt, la démarche se rapproche d'un écologiste qui voudrait vous démontrer que le nucléaire c'est pas cool mais quand même ça crée de l'emploi quand on y pense sérieusement.
Pour l'enrobage, parlons de l'humour. C'est compliqué. Disons que si vous n'êtes pas une adolescente de 15 ans sous codéine il sera assez désagréable de subir un montage cut de 5 minutes montrant Diane Keaton annonnant des cris se rapprochant du râle d'un Pangolin, mais que bizarrement la cinéaste (car oui, c'est triste à dire mais Nancy est une cinéaste) arrive à nous faire passer pour des pleurs. Séquence dramatique pour tout spectateur faisant un tant soi peu l'effort de suivre le film se prenant même de sympathie pour Diane Keaton qui ne fait jamais que capitaliser sur l'affection que le spectateur lui porte depuis "Annie Hall" ("Woody et les robots" étant trop burlesque pour intéresser le spectateur snob, même si assister à une imitation de Marlon Brando par Diane Keaton ne peut laisser aucun être humain sain insensible.)
Parlons des seconds rôles puisque ceux-ci n'auront jamais la possibilité (ni la volonté) de faire parler de leur rôle dans le film.
Keanu Reeves semble étonnement présent, ce qui laisse soupçonner qu'il n'est pas dans son état normal. Nancy, pas dupe, l'aura bien compris puisque son personnage se verra récompensé par une évolution quasi nulle du début à la fin. ("Ça t'apprendra à jouer correctement ! Tu t'es pris pour un véritable acteur?")
Frances Macdormand, elle aussi avec un jeu correct, se verra supprimée de toutes les séquences ayant un temps soi peut d'importance, mais rassurons-nous elles sont très peu nombreuses si on enlève les cartons du générique de fin.
Quant à Paul Michael Glaser, chevalier au grand coeur, désolé mais cette fois-ci tu ne gagneras pas à la fin si ce n'est le chèque qui t'es dû pour ton apparition. Il faut bien manger et quand on a réalisé "Kazaam" qui franchit tout de même l'exploit d'être la risée de "Scary Movie" (le premier, respectons-nous un minimum) on comprend qu'il ne chipote pas sur les rôles qu'on lui offre.
Quant aux interprétations de Jack Nicholson et Diane Keaton? Ne nous mentons-pas, si on se concentrait uniquement sur cela on porterait le film aux nues. Si on les mettait en scène dans une vidéo d'unboxing, leur charisme naturel nous rendrait accro à ce cancer de Youtube. **
Bref, "Tout peut arriver" n'est pas un film de Nancy Meyers c'est un film avec Jack Nicholson et Diane Keaton et c'est la seul chose qui l'empêche d'être un mauvais film.
(Mais quand même si vous pouvez vous trouver un passe-temps un peu plus constructif, n'hésitez pas)
** L'unboxing, cancer de Youtube? On peut raisonnable répondre "oui" quand il s'avère que le seul unboxing digne d'intérêt nécessite un tupperware et un organe génitale. Je vous souhaiterais bien un joyeux Noël mais je suis adventiste du 7è jour.