Tout le monde l'aura remarqué, le temps semble s'accélérer de jour en jour. Les octogénaires ressemblent aux sexagénaires d'antan et même les ados trouvent qu'une année scolaire, c'est vite passé. C'est le signe. Nous vivons "une époque formidable", mais au train où ça va, elle sera passée en un claquement de doigts. Et ça fait réfléchir. Notamment ce trader devenu instituteur en raison de la maladie grave de sa mère, qui n'avait que 2 ans à vivre; il s'est dit qu'en étant professeur des écoles, il pourrait plus facilement l'accompagner. Je serais curieuse de connaître son sentiment sur tout ce temps libre dont il pensait jouir en abandonnant la finance, à présent qu'il est instit' depuis quelques années... mais je m'égare. Ce documentaire est sa méditation sur l'accélération du temps, qui serait davantage l'accélération du monde, si on l'en croit. Au départ, il a demandé à sa classe de petits parisiens de livrer ses réflexions sur ce phénomène abscons. Et l'assemblée réunie hier soir pour voir le documentaire au cinéma de Tonnerre de s'esbaudir de la maturité des réflexions de ces enfants prodigieux... sauf moi, évidemment, habituée à percevoir dans les dires de la jeunesse l'écho des conversations entendues à la maison. Mais au moins, ces gentilles têtes blondes permettaient de prendre le problème par un bout abordable pour tous. Étienne Klein, Nicolas Hulot et un sociologue allemand d'une grande clarté venaient ensuite approfondir le sujet pour nous, entre de longues séquences urbaines d'images en accéléré. Le réalisateur s'est fait plaisir, visiblement, mais m'a perdue à la longue. Dommage de donner à son spectateur l'impression de perdre son temps quand on veut le faire s'interroger sur sa relation aux choses essentielles dans sa vie... mais globalement, son film a le mérite de poser les bonnes questions et de se laisser regarder.