“Si le cinéma est le reflet d'une société alors la nôtre doit être peuplée de cas cliniques.”

Citation d'Eric Neuhoff


Difficile de parler de "Tout simplement noir" qui sort quelques semaines après la mort de Georges Floyd qui entraina la vague de manifestations de la part Afro-américaine des États Unis, manifestation que certains essayeront de reproduire en France même si le rapport est complètement différent. Fin bref vous l'aurez compris, compliqué d'aborder les sujets de Tout simplement noir sans se faire traiter de raciste anti noir ou blanc, de communautariste, d'individualiste au plein d'autres mots du genre. Mais comme pour l'affaire Polanski on est là pour parler cinéma et non pour un débat politique. Ma note et ma critique ne seront donc aucunement liées à mon avis (je suis d'accord avec certains points et d'autres non) mais par sa qualité en tant que film et la façon dont ses thèmes sont traités. Ceci étant dit, nous pouvons commencer à réellement attaquer le film.


Déjà contrairement à son personnage, Jean-Pascal Zadi est loin d'être idiot, il maitrise son sujet et l'a travaillé assez pour explorer tous ses aspects. Tout en montrant de manière banale certaines preuves d'oppressions comme la dernière arrestation musclée, il va montrer des abus liés à cette lutte. On pensera d'abord au groupe anti négrophobie qui rien que par leur nom nous montre un groupe dénué de culture et simplement mené par la haine incapable de se remettre en question. Passe ensuite Fary qui n'est là que pour les apparences, essayant de redorer son image, étant raciste quand il considère que c'est plus vendeur. Le passage avec Eric Judor est quant à lui criant du fanatisme idéologique qui pousse les gens à faire n'importe quoi (en l’occurrence un autrichien se revendiquer comme nègre). Celui avec Ramzy montrant que le communautarisme amène à une nouvelle forme de racisme et à encore plus de divisions dans la société. Les féministes noirs qui à l'instar de Fary ne sont là que pour les apparences, ce que l'on remarque avec la fin de la scène montrant aussi que l'amour n'a pas de couleurs. Il y a aussi Lucien Jean Baptiste et son compère qui montre qu'on peut se moquer de tout et tout prendre au premier degré est un premier pas vers la haine. Et bien sur JP, qui à l'instar de Fary n'est là que pour le buzz mais qui finira presque par croire à ses mensonges. Il est montrer comme un peu misogyne, lâche et excessivement con, jaloux d'Omar Sy qu'il considère comme "blanc" lui qui est le seul dans ce film à se battre pour les droits des noirs et des pauvres en général, ne le criant pas sous tous les toits car humble et naturellement bon.
Il y a cependant un espoir parmi toutes cette bande à tout ça avec le fils de JP qui au delà de toutes apparences à compris que ce qui nous réunissait tous c'était notre drapeau tricolore et que peut importe qui nous sommes, qui nous aimons et d’où nous venons il fallait tous se réunir dessous pour faire face à l'adversité et à la discrimination.


C'est en effet une très belle dissertation, mais si on ne jugeait un film que sur ses thèmes le cinéma ne serait pas différent d'une copie double. Si je n'ai mis qu'un deux à tous simplement Noir c'est parce qu'il accumule presque tous les défauts possibles pour un film. Déjà on ne devrait pas utiliser le terme film pour le définir, ce n'est qu'une suite de sketch sans grand rapport entre eux ou viennent s’agglutiner inutilement trop de personnalités connues ce qui casse vachement la suspension consentie d'incrédulité. On est aussi face à des personnages avec une mentalité qui n'évolue pas, vous avez vu les premiers sketch vous les avez tous vu. Ensuite la destruction presque immédiate de ses protagonistes est beaucoup trop brutales, on ne croit pas en eux à l'instant ou on les rencontre ce qui fait qu'on ne croit pas non plus le film à un seul moment. Et pour finir l'humour; je ne peux pas vraiment juger car on a tous un avis différent dessus mais l'humour se base beaucoup sur la débilité de son personnage principale et sur un sentiment de gêne. M. Night Shyamalan utilise souvent ce type d'humour innocent ou face à un problème nos esprits en faisant un petit truc con, souvent hilarant, parfois touchant. Là le problème c'est qu'on enchaîne les grosses blagues gênantes, une ou deux fois ça passe mais durant 1h30 je vous assure que c'est long.



Malgré un bon fond et un thème plus que maîtrisé, Tout simplement noir ne révèle ici qu'une intrigue vide, répétitive, pas toujours bien jouée et pas crédible pour un sou. Et pourtant aucune haine, juste une envie de dire "si vous aviez fait du cinéma ça aurait pu être génial"


Lordlyonor

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