Toute l'histoire de mes échecs sexuels par Madie Murakawa
Certes au premier abord l'histoire paraît dénuée d'intérêt, et son approche puéril : un trentenaire aux allures de Kurt Cobain des mauvais jours qui n'arrive plus à forniquer, incapable d'avoir une liaison amoureuse simple et qui s'amuse à prendre du viagra pour aller descendre dans la rue et draguer la première inconnue qui passe pour lui demander de le soulager... de sa raideur phallique. Bref, un film qui pourrait rappeler le mauvais goût des "Jackass"...
Si l'on ne peut vraisemblablement pas omettre cet aspect du film, il cache cependant quelque chose de beaucoup plus profond. Cet humour british particulier (Chris Waitt est le créateur de Fur TV, émission visible sur MTV, sorte de Muppet Show... un peu plus trash) révèle une mise en scène très fine et très complexe : celle de la mise en scène de soi, mais aussi des autres. Ou comment parler de soi en utilisant la dérision via un sujet intime. Intimité dans son sens double, mais aussi multiple. Ou comment interroger le cinéma (à quoi peut ressembler un film ? quelles sont les limites lorsqu'on aborde les questions du privé, et par la même occasion celle du public, mais également celle de l'approche du corps et de son image) au travers de l'individu dans toute sa complexité.
Car si ce monsieur se donne des airs d'attardé affectif et social (point de vue plus d'une fois appuyé par ses ex compagnes, mais aussi par sa propre mère, qui le définissent comme un déchet humain dans toute sa splendeur), il a bel et bien inventé un nouveau genre cinématographique, ou plus modestement en a approfondi un autre : celui du film à tendance biographique, qui ici se frotte au psychanalytique, dans une simplicité émouvante. Bref, un quasi chef d'œuvre qui a le mérite de remettre en cause certains tabous sociétaux et tout naturellement cinématographiques.
"Les philosophes sont des fous, et les fous sont des philosophes" disait l'autre...