Le principal regret tient au fait qu’un sujet de société à la fois contemporain et fort accouche d’une forme aussi insignifiante, c’est-à-dire commune et incapable de dire quelque chose du trouble avec lequel doit vivre le personnage de Jérémie. Il est accentué par un scénario vu et revu qui recycle tous les poncifs de la petite comédie sur fond de drame : voilà des montagnes russes émotionnelles qui, parce qu’on en connaît les tours et les loopings, se vident peu à peu de leur authenticité pour rejoindre le tout-venant des productions françaises vite réalisées vite écoulées sur le marché.
Manque donc à Toute Première fois une vision d’ensemble seule à même de dépasser un recours purement utilitaire au cinéma ; manque également une prise de risques narratifs conjurant ces affreux happy ends. Heureusement, les acteurs s’avèrent satisfaisants, à commencer par Lannick Gautry dont l’interprétation à fleur de peau émeut, et Camille Cottin, parfaite en râleuse dotée d’un sens aigu de la répartie.